Le mardi 11 mai 1915
Les deux sections de première ligne sont remplacées par les deux autres sections. Je vais en deuxième ligne. Nous faisons des corvées de matériel et divers travaux. Nous lançons 50 crapouillots sur les tranchées allemandes en tirant par-dessus nos premières lignes.
L’artillerie allemande riposte et écrase nos tranchées et nos boyaux. La première ligne est démolie sur dix mètres de longueur. Les soldats Autrique et Jacquemin, de ma section, sont blessés. Vu aéroplanes français et allemands. Nos avions sont toujours fortement canonnés. La nuit est calme. Une fusée éclairante française a mis le feu en tombant à quelques mètres derrière la première ligne allemande. Les branches mortes et la bruyère brûlent facilement et le feu s’étend rapidement. On craint un moment qu’il atteigne la forêt plus boisée. Les Allemands sortent de leur tranchée et nous en voyons une dizaine qui vont piétiner sur le feu et qui réussissent à l’éteindre. Pendant ce temps là , nous saisissons nos fusils et nous tirons dans le tas, et en profitant de la lueur de l’incendie pour guider notre tir. En entendant les coups de feu, les Allemands redescendent dans leur tranchée, mais ils avaient eu le temps d’éteindre le brasier. C’est la guerre. En toute autre circonstance nous aurions été leur donner de l’aide pour venir à bout d’un fléau qui eût pu devenir aussi dangereux pour nous comme pour eux.