1er Septembre 1915. Chaumont
La place-forte du service de santé se présente sous les apparences d’une villa moderno-normande où gouverne un petit vieux colonel-médecin qui porte l’illustre nom de Bassompierre, moins la particule. J’attaque le concierge, je le mets hors de combat ; je mets en déroute douze scribouillards armés de porte-plumes et, ces douze lances rompues, me voilà au cœur de la Citadelle. Un ennemi inattendu se présente à moi : un officier d’administration qui est de Marseille et que mes croix éblouissent : « Té, dotteur ! Justemint on demande un médecin pour Saïgon… Et autremint voulez-vous être celui-là ? » Ce rond-de-cuir a pensé « justemint » que je serais ravi de quitter la France au moment où l’on s’y bat. Je le mets en déroute par un : « Mais, Monsieur, vous n’y songez pas. » qui l’étend de tout son long sur son papier-ministre.
J’attaque ensuite Bassompierre de front : « Monsieur le directeur, je veux regagner mon régiment. Je le veux et je le peux et rien ne saurait s’opposer à mon désir. » Ce petit homme a peur. Il me demande un armistice de trois jours. Accordé, à condition que ces trois jours je les passe à Troyes dans ma famille. Accordé.
c’est fou ce qu’il faut entreprendre comme démarches volontaires pour retourner se battre…
Alors que tant d’autres multiplient les ruses pour s’embusquer le plus loin possible de la riflette…