Le mardi 19 octobre 1915
Canonnade régulière des deux côtés toute la journée. Nous n’avons pas vu d’aéroplanes ce jour. Canonnade de 105 allemands sur notre tranchée qui est prise en enfilade vers 17 h. Le soldat Couturier est tué. Le soldat Viguier et le sergent Grenier sont blessés. Les tranchées sont démolies. A 23 h, un 105 est tombé à un mètre cinquante de l’endroit où j’étais couché et m’a recouvert de terre.
Je n’ai pas eu de mal et je me suis recouché au même endroit après avoir enlevé la terre. L’obus en éclatant dans le parapet arrière de la tranchée a déterré un cadavre qui se trouvait là depuis l’attaque de septembre. Vu les difficultés nous l’avons recouvert de terre à la même place. Temps beau et froid. Le reste de la nuit s’est passé sans incident.
Le mercredi 20 octobre 1915
Canonnade allemande de 105 fusants à 5 heures. Le soldat Guérin est tué, le caporal Leprêtre blessé. La journée a été tranquille dans notre secteur. Plus à gauche, dans le bois du 20/1000, secteur de la 6ème compagnie, une vingtaine de minenwerfer sont tombés vers 14 h. Vu aéros de Taubes. Nous recevons toujours notre ravitaillement une seule fois par jour et nous mangeons toujours froid. Beau temps froid.
Le jeudi 21 octobre 1915
Continué à creuser les boyaux des petits postes. Nous sommes arrivés à 24 m en avant des tranchées. Bombardement allemand de nos boyaux de communication. Le 131ème quitte les tranchées de Maisons-de-Champagne à 9 h du soir. Nous passons auprès de la ferme de Beauséjour où se faisait le ravitaillement toutes les nuits et qui est complètement rasée. Après les 8 km de boyaux nous arrivons enfin à l’air libre après douze jours de tranchée pendant lesquels, sans attaque, le régiment a perdu environ 150 hommes. Très beau temps. Nous sommes remplacés par le 69ème d’infanterie.