28 janvier 1916. Je suis descendu avec le capitaine Fraux jusqu’à un monticule

28 janvier 1916.

Je suis descendu avec le capitaine Fraux jusqu’à un monticule, au-dessus de Kerbholz, au pied du Linge. La journée est belle. Les fantassins sont paresseux. Les artilleurs actifs. Nous bombardons le saillant du col du Linge. Les Allemands bombardent l’Altenberg.

Soudain, vers 19h un immense incendie se déclare dans une grande usine de Munster. Ce sont nos 155 qui l’ont allumé. Des flammes énormes s’élèvent et une colonne de fumée de 3 ou 400m de haut monte vers le ciel étoilé. Tout le champ de bataille depuis le Schratzmoenell jusqu’à l’Altmatt est éclairé. La Schlucht voit rougir, sous la lueur, ses ruines lamentables. Le spectacle vers 21h prend des allures théâtrales : l’infanterie allemande inquiète tiraille sans arrêt, les mitrailleuses font un vacarme d’enfer et l’artillerie commence un tir qui durera jusqu’au matin. Les 75 tirent par rafales sur le foyer où l’on entend des détonations nombreuses d’obus probablement accumulés là. Les 155 recommencent leur jeu dans l’espoir d’allumer un nouvel incendie et pour empêcher les secours d’arriver jusque là. Et l’incendie persistant, le vacarme dure toute la nuit.[…]