Poste de Lias 18 décembre 1916.
Le convoi est arrivé ici sans incidents, à la nuit tombante. Il est composé d’une centaine de mulets chargés de pommes de terre, de farine et de toutes sortes de choses à manger, d’un troupeau de trente bêtes à corne, de dix bourricots conduits par les juifs du souk de M’rirt et portant du tabac, des bougies, de l’amer Picon et du fil à coudre. Enfin l’escorte est forte de quatre cents hommes : tirailleurs marocains, tirailleurs algériens, chasseurs légers et légionnaires. Une demi-batterie de 75 Schneider servie par des artilleurs marocains, deux sections de mitrailleuses et mon ambulance : neuf mulets de cacolets, huit mulets à litières et trois mulets de matériel médical.
Lias, petit poste de goumiers, planté sur un mamelon au-dessus de l’oued Ifranc, ressemble avec ses murs à meurtrières et ses réseaux de fil de fer à tous les postes que j’ai vus au Maroc. Le 7ème goum, commandé par le capitaine Jacquin, est célèbre pour sa bravoure et pour son audace. Il assurera demain nos flancs-gardes. Le capitaine Jacquin – de la cavalerie- commandera le convoi.
Cette nuit l’escorte campe sous les murs du poste. Pour éviter les vols de fusil, si fréquents à Lias, chaque homme est tenu de dormir avec son fusil attaché au poignet et le corps étendu sur le fusil.
Moi je loge dans une pièce du réduit fortifié.
c’est beau la confiance dans les supplétifs divers et variés… » chaque homme est tenu de dormir avec son fusil attaché… »
Bon avec 400 hommes d’escorte et une demi-batterie de 75 Schneider , ils peuvent quand même repousser quelques tentatives d’attaques « d’insoumis » armés de moukhalas et de poignards…