14 octobre 1917. Villers-Cotterets
L’Aisne, le Styx.
Ne passez pas la rivière, vous restez chez les vivants.
Voici la petite fille de la garde-barrière de Corcy qui recueille au creux de sa main les graines sèches des volubilis.
Dans Longpont, deux filles aux joues roses rient, accoudées au balcon de l’épicerie. L’eau morte de l’étang reflète le ciel mauve. Des platanes mettent au tableau un cadre d’or. Et le château attend les invités des chasses prochaines : peut-être ne viendront-ils pas, bon vieux château… Les biches de la forêt ne les attendent plus, depuis quatre ans qu’elles errent paisiblement du carrefour du Saut-du-Cerf au carrefour des Cornillards, sous les graves futaies du Rond d’Orléans.
Les demoiselles de la ville ont mis des chapeaux riches : c’est Dimanche. Elles baissent les yeux sous le regard des officiers, mais leur vanité s’élève.
Les enfants ont des sabres et des fusils, mais c’est pour rire.[…]