5 juin 1918.
Rien. Rien qu’un beau temps implacable qui favorise les desseins de l’ennemi.
Chez nous, VIIème armée, on prend ses précautions. Discrètement, sans tapage (pour une fois !) nous prenons nos dispositifs de repli… Oh !si discrètement, d’ailleurs, que c’est par la mercière d’en bas que j’ai appris cela… Pour ne pas mettre en éveil son mannequin d’osier qui pourrait y prêter l’oreille, elle m’a chuchoté : « Il paraît que l’Etat-Major va quitter Lure pour Vesoul. » Elle sait cela. Moi, je ne le sais pas. Le Médecin-Inspecteur ne le sait pas. La mercière d’en bas le sait. Comment donc aurons-nous jamais la victoire dans une guerre où la Surprise seule peut donner un résultat militaire ?
Est-ce bien l’heure d’écrire : « …aurons-nous jamais la victoire ?… ». Clemenceau avant-hier à la chambre a répété bien souvent : « Capituler, jamais. Je ne suis pas l’homme d’une capitulation ! » Si souvent qu’il a été interrompu … par un « défaitiste » étonné d’entendre de la bouche de ce « jusqu’au boutiste » ce mot qui lui est cher.*