10 juin 1918.
L’attaque bondit, s’arrête et rebondit. Cependant, hier, elle a rencontré des troupes françaises sur sa route, qui est la route de Compiègne. Il ne faut pas méditer sur la guerre, assis parmi les iris jaunes de l’étang du Bois du Tertre, à l’heure mauve où les poules d’eau se poursuivent dans les joncs, où les libellules posent leur vive étincelle bleue sur la lance des roseaux, où les grenouilles coassent leur chant d’amour entre les feuilles des nénuphars. La guerre des hommes apparaît comme un petit événement pas plus gros que la dispute d’un coucou et d’un loriot, dont l’un a voulu pondre son œuf dans le nid de l’autre.