Le mercredi 24 juillet 1918
Repos. M[esse] de 7 h (+). Nous recevons des ordres pour l’embarquement du régiment qui doit avoir lieu demain matin en gare de Villers-Daucourt [lieu-dit La Hotte]. Nous faisons les préparatifs. Toute la division se déplace pour une destination inconnue. Les permissions de détente sont rétablies. Il y a eu des nominations au régiment. Le caporal d’ordinaire de ma compagnie est nommé sergent à la 21ème [compagnie]. Le capitaine Lalanne, commandant la C[ompagnie de] M[itrailleurs] 6 est nommé adjudant-major au 6ème bataillon. Le 5ème bataillon quitte Sivry[-sur-Ante] à 19 h pour aller embarquer à la gare. Mon bataillon partira cette nuit. Toutes les voitures sont parties à l’avance.
Le jeudi 25 juillet 1918
Le 6ème bataillon quitte Sivry[-sur-Ante] à 1 h 30. Nous allons à la gare de Villers-Daucourt [La Hotte]— 6 km — où nous embarquons à 4 h 15. Il y a quatre trains pour le régiment. Nous sommes dans des wagons à bestiaux non aménagés, une trentaine par wagon. Nous passons à Revigny[-sur-Ornain] à 5 h 30, à Saint-Dizier à 7 h, Montier-en-Der, Brienne-le-Château, Troyes à 11 h 30, Romilly-sur-Seine, Flamboin à 15 h. Nous y faisons une halte d’une heure pour prendre le café ; nous passons ensuite à Longueville, Nangis, Mormant, Gretz, Noisy-le-Sec à 20 h 30, Le Bourget. Débarquement à Nanteuil-le-Haudouin à minuit. Nous avons traversé toute la Brie et la moisson est commencée. Nous voyons Paris en passant près des fortifications.
Le vendredi 26 juillet 1918
Après le débarquement, nous partons de Nanteuil-le-Haudouin à pied à 1 h. Une partie des sacs sont emmenés en camion. Nous passons à Levignen, Gondreville, nous passons du département de l’Oise dans celui de l’Aisne et nous arrivons à Plessis-aux-Bois à 9 h, après avoir fait 22 km à pied. Nous cantonnons dans les maisons qui ont été abandonnées par les habitants il y a peu de temps et qui sont encore remplies de mobilier. Nous avons suivi sur une quinzaine de km la grande route de Paris à Maubeuge qui est pavée et très dure à la marche, nous avons ensuite traversé la Forêt de Villers-Cotterets où il y a des arbres de toute beauté. L’artillerie de la Division est avec nous. Il pleut pendant une partie de notre parcours et nous sommes arrivés à Plessis tout trempés. Nous passons la journée à Plessis-aux-Bois, nous touchons des cartouches et des vivres de réserve et nous partons à 20 h pour aller embarquer en camions à 2 km d’ici. Nous arrivons à Boursonne à 20 h 30, le 4ème bataillon du 344 y était cantonné. Les camions ne sont pas disponibles et nous passons la nuit à Boursonne, en alerte, nous logeons dans les cantonnements que le 4ème bataillon a quittés. Nous sommes à 30 km environ des lignes d’Oulchy-le-Château.