6 mars 1915. Saint-Etienne-au-Temple
Dans la pluie et dans la boue le colonel Pollacchi passe en revue le régiment et le fait manœuvrer. Cette manœuvre, sur la route de Perthes-les-Hurlus, au bruit lointain du canon, devant le va-et-vient des autos d’état-major, c’est piquant. Des auto-cars passent chargés des blessés de Perthes. Il passe aussi des prisonniers allemands qui regardent d’un œil terne la fraîcheur de nos teints.
Hier une compagnie entière de la garde a été capturée. Avant-hier six cents prisonniers sont passés à Châlons.* Un officier, parmi eux, déclarait que sous l’avalanche des projectiles que leur envoie notre artillerie il n’est point possible de combattre : fuir ou se rendre, lamentable choix.
De longs convois de camions chargés d’obus se dirigent vers Suippes. Ils vont sur la route boueuse, lourds, bien ordonnés, donnant une belle idée de notre force actuelle.