8 mai 1915. Contrexéville (Hôpital Cosmopolitan)
Après 24h de chemin de fer nous arrivons à la gare de Contrexéville. Des brancardiers s’emparent de nous, nous portent jusqu’à l’hôtel au milieu d’une foule apitoyée. Dix minutes après mon passage, le bruit court qu’il est arrivé un jeune médecin qui a les deux jambes coupées. Dieu sait pourtant que ma grosse caboche blanche tire l’œil.
Bel hôtel. Un caserne-palace. Grande chambre avec salle de bains. Je la partage avec le lieutenant de Ravel d’Esclapon, du 203ème, blessé d’une balle au dos.
Médecin-chef le Dr Jacquet, d’Avignon.
A l’heure du pansement, une infirmière entre dans ma chambre. Deux cris jaillis de deux poitrines : « Mademoiselle Ponce-Boutarel !… Le Dr Bedel !… Ah ! bien par exemple !…» Mademoiselle Ponce-Boutarel était une de mes meilleures monitrices à mes cours de la rue Las-Cases. Je ne puis être mieux soigné que par elle.
Maurice Bedel, un futur Goncourt raconte sa Grande Guerre.
» grande chambre avec salle de bains… », pas négligeable du tout après la crasse et le manque d’hygiène des tranchées de premières lignes…les hôtels » de luxe » pour curistes fortunés participent généreusement à l’effort de guerre…Certains ne s’en relèveront pas malheureusement à l’issue des hostilités…
Et puis si la délicieuse Mademoiselle Ponce-Boutarel est là pour prendre soin du Dr Bedel, la vie est belle à Contrexéville !!