1er décembre 1916.
Les Zaian excités – est-ce la neige qui excite ces guerriers cruels ?- attaquent les douars à l’ouest du camp. Ils escamotent des moutons et des femmes. Et toute la région est en émoi. Pas nous. Ce sont affaires entre indigènes moitié soumis et indigènes insoumis. Cela se passe la nuit, j’entends très bien les coups de feu bruyants des mokahla, l’aboiement furieux des chiens, les hurlements déchirants des femmes. La sentinelle, postée au réseau de fil de fer devant ma baraque, s’amuse à tirer… sur quoi ? Je la soupçonne de tirer sur les chacals et sur les hyènes.
Hier un des khalifats d’un douar attaqué a réussi à abattre un Zaiani. Coup de fusil heureux, car l’homme abattu a été reconnu comme un personnage assez important du camp adverse. Ce matin j’ai vu le corps dépouillé de ses vêtements, frotté de sel, exposé au soleil sur une large dalle près du douar. Le khalifat rendra le corps si on lui rend ses moutons volés et les femmes enlevées.
Maurice Bedel, un futur Goncourt raconte sa Grande Guerre.
pas drôle d’être femme en pays Zaïan en 1916…Elles ont la même valeur qu’un mouton.. » affaires entre indigènes moitié soumis et indigènes insoumis.. » nous précise MB.
Soumis un jour, insoumis le lendemain. Et ainsi de suite, difficile à administrer ce territoire…