Le vendredi 19 janvier 1917
Repos le matin. Je visite la ville et l’église de Verzy. C’est un chef-lieu de canton de 1400 habitants. Nous sommes à 6 km des lignes et nous entendons les fusils et les mitrailleuses du front. Nous ne devons pas quitter le cantonnement sans avoir avec nous le masque contre les gaz en prévision d’un bombardement allemand par gaz asphyxiants. Les habitants du pays en ont eux aussi pour aller travailler dans les vignes et les enfants en ont chacun un qu’ils emportent à l’école.
Le pays n’a pas du tout souffert du bombardement et toute la population y est restée. Les caves sont pleines de vin de Champagne et le pays est très riche. Le D[épôt] D[ivisionnaire] de la 9ème Division est arrivé ici un jour avant nous et occupe la partie N.-O. du village. Le D[épôt] D[ivisionnaire] de la 10ème D[ivision d’]I[nfanterie]. occupe la partie sud-est. Nous faisons une corvée de bois mort l’après-midi route de Louvois. Le temps est sombre, il gèle dur, et tout est couvert de neige. Dans le grenier où nous couchons le vin gèle dans les bidons et le pain gèle dans les musettes.