3 octobre 1917. Condé-sur-Aisne
La région abonde en petites vallées romantiques de la qualité romanesque de celle de la Quincy. Bien des noms sont tout un joli conte : ferme de la Colombe, la Croix-sans-Tête, Chantereine, Malvoisine, L’Ange Gardien, la Fosse Tobise, la Tontinette…
Dieu ! tous ces jolis bois sont hachés menu, toutes ces prairies grasses sont ravinées ; ces sentiers tortueux sont bordés de tombes, Aliscamps sans cyprès, sans soleil et sans marbre. Et la grande tristesse vide des lendemains de catastrophe enveloppe ces lieux jadis charmants. Elles n’iront plus aux noisettes les jeunes filles de Condé, il n’y a plus de noisetiers à Chantereine. Il y a des croix, des trous et des épines de fer dans le vallon.
Iront-elles seulement en pèlerinage dans le vallon, les jeunes filles de Condé ?
Et puis, Condé ? Il n’en reste que quelques pierres. Les relèvera-t-on ?
Le pays est mort, bien mort. Qui donc le ressusciterait ?
Qui rendrait de la vie à ces pierres grises confondues comme les ossements d’un ossuaire ?