6 octobre 1917. Soissons
Dans la nuit et dans la pluie, la canonnade prend de l’ampleur. Le grand roulement du Feu Roulant ébranle la terre et les airs.
La bataille commence.
Terrible est la bataille qui commence.
Tout est terreur. Toute bonté semble à jamais bannie du monde.
Tout est écrasement : dos rond et genoux ployés, l’adversaire attend la mort, la mort ignoble qui fait craquer le crâne sous le béton écroulé comme craque une noix dans les mors de la pince.
Le Treumelfeuer ! Il faut un mot germain pour dire cela. Notre langue latine n’a pas de ces mots de tonnerre. Il y a presque un rythme dans ce roulement, le rythme des océans déchaînés, brisés sur le rivage. Une cadence, celle du marteau-pilon.
Et puis le silence des hommes.