23 novembre 1914. Belleu (au sud de Soissons)
L’alerte a continué toute la matinée. Il fait un froid de loup. Les hommes battent la semelle dans la rue. Ils ne sont pas bavards. Plus les canons et les fusils parlent, moins les troupiers sont bavards.
Des obus continuent de tomber sur Soissons. Nous continuons de répondre bruyamment à coups de 120 et de 155.
-10h.-
Ordre de partir pour la sucrerie de Soissons. La compagnie Dufour nous a devancés et se trouve à Crouy, où l’on entend une violente fusillade.
-11h.-
A Belleu, ordre de nous arrêter et de cantonner sur place. Pas une botte de paille pour les hommes. Pas un matelas pour les officiers. D’ailleurs cette jolie petite banlieue de Soissons est dévastée aussi bien par les troupes allemandes et françaises qui y ont cantonné que par les obus qui y tombent de temps à autre.
Près de nous des batteries tirent sans arrêt.
A 3h des obus allemands arrivent du côté des batteries.
La compagnie Dufour donne de ses nouvelles : depuis ce matin elle reçoit des obus de 210 à Crouy. Elle se tient dans les caves. Une demi-compagnie du 289ème a été faite prisonnière toute entière dans une carrière. Voilà pourquoi la compagnie Dufour est allée à Crouy.