Le mercredi 25 novembre 1914
Ma compagnie quitte les tranchées de 1ère ligne et est remplacée par la 7ème compagnie. Nous revenons à 1200 m en arrière dans des abris où nous pouvons faire du feu jour et nuit. Je fais ma toilette que je n’avais pas faite depuis sept jours et je passe toute la journée auprès du feu. Canonnade française. Il tombe de la neige.
Le jeudi 26 novembre 1914
Nous avons dormi toute la nuit, allongés sur le sol de nos cabanes. Au jour nous travaillons à faire des piquets pour réseaux de fil de fer et nous coupons du bois de feu. Une cabane voisine de la mienne, couverte de rondins et de terre, s’est écroulée et deux hommes de ma compagnie ont été écrasés.
Le vendredi 27 novembre 1914
A 4 h, nous recevons l’ordre de monter nos sacs et à 8 h nous quittons les tranchées de Vauquois. Nous traversons la forêt de Hesse, nous passons à Aubréville. Nous allons au repos à Clermont-en-Argonne où nous arrivons à 14 h. Ma compagnie est cantonnée à la Tuilerie, sortie nord du pays. Il y a pas mal d’habitants encore dans le village qui est plus d’à moitié démoli. Repos toute la soirée. Nous touchons du vin.
Maurice Bedel, un futur Goncourt raconte sa Grande Guerre.