« J’espère que mes chansons passeront un jour sur Nostalgie »
Charles-Baptiste fera la première partie de Michel Jonasz, ce vendredi soir, à Darc. L’artiste, qu’une journaliste a un jour qualifié de « mix d’Alex Beaupain et de Vincent Delerm sous amphétamines », revendique sa singularité. Avec son piano, il ambitionne de remettre au goût du jour la variété française… Dans la joie et la bonne humeur.
Charles-Baptiste, quel artiste êtes-vous ?
Je suis un chanteur de pop française, de variété alternative, à la fois légère et profonde.
Votre avez comme slogan : « La variété n’est pas morte ». On a envie de vous dire « Ah bon ? ».
C’est une façon de dire que j’espère que mes chansons passeront un jour sur Nostalgie.
Ce serait un accomplissement ?
Les chansons qui passent sur Nostalgie sont celles que les gens chantent sous la douche, en voiture quand ils partent en vacances. Elles font partie de l’inconscient collectif. C’est le meilleur destin pour une chanson.
» Le terme variété est poussiéreux «
On peut lire de vous que vous voulez dépoussiérer la variété française. C’est-à-dire ?
C’est le terme de variété qui est « poussiéreux ». Il est péjoratif. On l’accole à des chansons qu’on trouve trop légère, en comparaison avec la chanson française, obsédée par le texte. La variété française se concentre un peu plus sur la mélodie. C’est de la pop’ en français, finalement.
Où allez-vous chercher votre inspiration ?
C’est la variété des années 1970 qui m’influence le plus : William Sheller, Michel Délpêche, Julien Clerc, Christophe… et Michel Jonasz, évidemment.
Vous n’étiez pourtant pas né (1)…
La musique la plus intime en soi est celle que l’on entend dans son enfance. Mes parents écoutaient la musique des années 1970. La Cavalerie, de Julien Clerc, a bercé une partie de mon enfance.
» Get Lucky est fabuleuse «
Les femmes sont très présentes dans vos textes. Vous avez un complexe ?
(Il rit) Toutes les chansons sont concentrées sur la relation amoureuse. C’est une relation passionnelle qui implique des réactions à la fois complexes et instinctives. C’est intéressant à explorer. Je raconte toujours des émotions que j’ai ressenties mais j’aime contextualiser, habiller mes chansons. J’ai écrit Je ne quitterai pas ma femme pour toi, pourtant je ne suis pas marié. Mais ce sentiment m’a habité, je le mets en scène pour qu’il ait plus de résonance.
Avec Soyez heureux, vous avez repris le tube de cet été, Get Lucky, de Daft Punk. Pourquoi si tôt ?
Je voulais faire partie de mon époque. J’en avais marre de tout le temps parler des années 70. Je ne veux pas passer pour quelqu’un de pessimiste. Get Lucky est fabuleuse : déjà, elle est tournée vers le passé, c’est une chanson de disco pure et simple ; mais elle est faite par les Daft Punk, le seul groupe français, peut-être avec les Phœnix, qui réussit à l’internationale. Il y a un engouement mondial, tout le monde se réapproprie cette chanson. Je voulais ma version, qui ne soit pas directement une reprise.
Jonasz et » l’art ultime «
A la première écoute, ce n’est pas évident…
Je trouvais ça intéressant d’en faire une adaptation, de la même façon que Claude François avait fait J’attendrai pour I’ll be there ou Johnny Halliday Les portes du pénitencier pour The house of the rising sun. Cette chanson est faite par des français, faisons une chanson de pop’ en français. Ce n’est pas une traduction littérale, c’est une réappropriation. Là où la chanson des Daft Punk est pleine d’un positivisme très anglo-saxon – « Ce soir je vais aller en boîte et je vais serrer », c’est ce que ça dit -, je la ramène à une sorte de pessimisme décliniste français : le salon. C’est aussi un clin d’œil, une espèce de miroir. Les Daft Punk ont repris des chansons qu’ils tordaient et transformaient. J’ai eu envie de faire l’inverse.
Après celles de Bénabar, Art Mengo, Higelin, la Grande Sophie, vous faites ce vendredi la première partie de Michel Jonasz. Quel regard portez-vous sur lui ?
J’adore Dites-moi, Super Nana, particulièrement toute la partie années 1970, très influencée par Elton John. Il y a aussi ce côté très mélodique, c’est tout ce que j’aime. Il a cette capacité à dire avec des mots très simples, des choses très profondes. C’est l’art ultime.
Propos recueillis par Bertrand Slézak
(1) : il a 31 ans.
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