Epoustouflant Gadès

Ils étaient une quinzaine sur scène hier soir, à marteler de leurs talons épais et de leurs castagnettes en bois les planches de Darc. Tout droit venus d’Espagne, les danseurs de la compagnie Antonio Gadès ont enflammé la scène durant près de deux heures, sous les yeux d’un public attentif. 

Si la première partie, Les Noces de sang, un ballet inspiré d’une oeuvre de Federico Garcia Lorca, était certes un peu hermétique, impossible pourtant de lui reprocher son esthétique et sa force d’émotions. La tension et la douleur de cette jeune femme partagée entre l’amour de son mari et l’amour qu’elle porte à un autre était on ne peut plus palpable dans la rigueur et la beauté des gestes dansés ; la fureur du mari trompé et l’incompréhension de l’amant désiré, frappées et proclamées.

La deuxième partie, Suite Flamenca, beaucoup plus accessible et légère, regroupait huit pièces de flamenco interprétées successivement par le groupe entier, des duos ou encore des solos. Très bien reçue par le public qui n’a pas hésité à se lever, cette partie du spectacle mettait en exergue la beauté du flamenco classique mais actuel d’Antonio Gadès : les danseurs dansaient juste, sans fioritures ni excès, les chanteurs chantaient vrai, n’hésitant pas à prolonger leurs gestes dans les moindes détails. Le tout frôlait la perfection et était chargé d’émotions. Antonio Gadès était présent, hier soir à travers leurs mouvements. Epoustouflant.

En première partie, l’Orléanaise Liz Van Deuq a livré un concert drôle et touchant.

Isabelle Demangeat