13 août 2013
christophegervais

1995 : « Le rap est en train d’entrer dans le patrimoine musical français »



Fonky Flav est l’un des cinq MCs de 1995, groupe de rap phénomène qui cartonne actuellement en France et à l’étranger. Avant leur concert de jeudi soir à Châteauroux, il nous livre quelques explications et impressions, quelques semaines avant la fin de leur très longue tournée.
Le temps du stage-festival Darc, 600 stagiaires débarquent du monde entier à Châteauroux. Fonky Flav, êtes-vous un danseur ?

« Je suis un très mauvais danseur. Je trouve ça joli, mais personnellement je ne pratique pas du tout. J’ai un peu honte. Je danse un peu le Sega mauricien mais c’est tout. »

Photo Antoine Durand.

Photos Antoine Durand.

Vous êtes très médiatisés en ce moment. Dans les interviews, on vous fait souvent remarquer que vous n’avez pas vraiment le profil typique des rappeurs français. Que répondez-vous ?

« C’est une réaction des médias. Dans les concerts, on s’aperçoit qu’il n’y a pas de profil type de rappeurs. En ce moment, d’ailleurs, le rap est en train de rentrer dans le patrimoine musical français. On en voit à la télévision, beaucoup de gens font des reprises dans les émissions, c’est de plus en plus diffusé sur France Inter… Le rap est en train d’être reconnu comme musique à part entière. Je pense donc que le profil type va rapidement devenir un concept obsolète. »

Il y a eu récemment quelques petits clashs entre des rappeurs comme Booba et La Fouine. Est-ce que cela n’a pas décrédibilisé une partie du rap français, avec des médias qui se focalisent sur ces épisodes ?

« Ces clash entre rappeurs, on les regarde comme un divertissement. On n’est pas touchés par ça. Ce n’est pas parce que deux rappeurs se clashent qu’il y aura plus de monde ou moins de monde à nos concerts, ou que les médias vont se désintéresser de nous. Pour moi, le rap est une grande série avec plein d’épisodes. Et là, on assiste à un épisode palpitant. Mais je ne me sens pas concerné outre mesure. »

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C’est plutôt quelque chose qui vous amuse…

« A fond ! Je regarde ça comme un divertissement. »

Est-ce encore possible d’innover dans le rap aujourd’hui ?

« Je pense. C’est un peu difficile à dire parce qu’on a vraiment le nez dans le guidon, mais il faut oser. Et je ne parle pas que de nous. Il y a pas mal de rappeurs qui osent des choses en ce moment. Ce n’était pas faisable il y a un certain temps : il fallait avoir une certaine image. Mais en ce moment, il y a plus d’humour, plus de second degré. C’est un truc qu’on valide à fond. »

On se prend un petit peu moins au sérieux dans le milieu…

« Oui, c’est ça. Même si en vrai, ça a toujours existé. Par exemple, si on prend un rappeur comme Eminem, il y avait toujours du second degré, toujours une auto-dérision, toujours de l’humour dans son rap. Ce n’est pas pas totalement nouveau, même si là une nouvelle façon de voir la discipline est en train de s’installer. »

Sur quoi misez-vous le plus : la technique, ou le fond, les textes ?

« C’est propre à chaque personne. Je considère que le rap est une musique. Si la forme me rebute, je n’irai pas écouter le son. J’ai donc tendance à privilégier dans un premier temps la forme, pour ensuite mettre en avant le fond. Il n’y a donc pas de règle. Même au sein du groupe, on est partagés. »

Paris Sud minute, premier album du groupe.

Paris Sud minute, premier album du groupe.

1995, c’était une belle époque ?

« Oui, sinon on ne se serait pas appelés comme ça. »

Au niveau du rap, vous souhaiteriez revenir à cette période ?

« Non, pas du tout. Il n’y a pas de nostalgie. En 1995, je n’écoutais pas de musique et j’en faisais encore moins. C’est vraiment un petit clin d’oeil à une époque dont on écoute les disques aujourd’hui. Mais il n’y a rien de mieux que 2013 pour le rap. »

Vous voyez presque le bout d’une très longue tournée. Plus de deux ans sur les routes. Vous avez envie de quoi maintenant ? De vous poser ?

« La tournée est quelque chose qui nous fait énormément plaisir. C’est la fin du cycle de l’album. Après, des solos qui vont se faire dans le groupe. »

Dans cette tournée, y a-t-il une date, une salle, un festival qui vous a particulièrement marqué ?

« Toutes les dates sont spéciales, mais je retiendrai celle du Palais des sports de Paris. C’était assez balèze. On a joué dans une salle où il y avait pas mal de familles, c’était sympa. C’était un public plus proche. »

 Propos recueillis par Naëlle Le Moal

1995, jeudi 15 août, à 22 h, place Voltaire, à Châteauroux. Tarif : 29 €, avec Taïro en première partie (21 h).

https://www.youtube.com/watch?v=<a class="smarterwiki-linkify" href="http://youtu.be/1RMwjsV0ZYE">http://youtu.be/1RMwjsV0ZYE[/youtube]

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