1995 : « Le rap est en train d’entrer dans le patrimoine musical français »
Fonky Flav est l’un des cinq MCs de 1995, groupe de rap phénomène qui cartonne actuellement en France et à l’étranger. Avant leur concert de jeudi soir à Châteauroux, il nous livre quelques explications et impressions, quelques semaines avant la fin de leur très longue tournée.
Le temps du stage-festival Darc, 600 stagiaires débarquent du monde entier à Châteauroux. Fonky Flav, êtes-vous un danseur ?
Vous êtes très médiatisés en ce moment. Dans les interviews, on vous fait souvent remarquer que vous n’avez pas vraiment le profil typique des rappeurs français. Que répondez-vous ?
« C’est une réaction des médias. Dans les concerts, on s’aperçoit qu’il n’y a pas de profil type de rappeurs. En ce moment, d’ailleurs, le rap est en train de rentrer dans le patrimoine musical français. On en voit à la télévision, beaucoup de gens font des reprises dans les émissions, c’est de plus en plus diffusé sur France Inter… Le rap est en train d’être reconnu comme musique à part entière. Je pense donc que le profil type va rapidement devenir un concept obsolète. »
Il y a eu récemment quelques petits clashs entre des rappeurs comme Booba et La Fouine. Est-ce que cela n’a pas décrédibilisé une partie du rap français, avec des médias qui se focalisent sur ces épisodes ?
« Ces clash entre rappeurs, on les regarde comme un divertissement. On n’est pas touchés par ça. Ce n’est pas parce que deux rappeurs se clashent qu’il y aura plus de monde ou moins de monde à nos concerts, ou que les médias vont se désintéresser de nous. Pour moi, le rap est une grande série avec plein d’épisodes. Et là, on assiste à un épisode palpitant. Mais je ne me sens pas concerné outre mesure. »
C’est plutôt quelque chose qui vous amuse…
« A fond ! Je regarde ça comme un divertissement. »
Est-ce encore possible d’innover dans le rap aujourd’hui ?
« Je pense. C’est un peu difficile à dire parce qu’on a vraiment le nez dans le guidon, mais il faut oser. Et je ne parle pas que de nous. Il y a pas mal de rappeurs qui osent des choses en ce moment. Ce n’était pas faisable il y a un certain temps : il fallait avoir une certaine image. Mais en ce moment, il y a plus d’humour, plus de second degré. C’est un truc qu’on valide à fond. »
On se prend un petit peu moins au sérieux dans le milieu…
« Oui, c’est ça. Même si en vrai, ça a toujours existé. Par exemple, si on prend un rappeur comme Eminem, il y avait toujours du second degré, toujours une auto-dérision, toujours de l’humour dans son rap. Ce n’est pas pas totalement nouveau, même si là une nouvelle façon de voir la discipline est en train de s’installer. »
Sur quoi misez-vous le plus : la technique, ou le fond, les textes ?
« C’est propre à chaque personne. Je considère que le rap est une musique. Si la forme me rebute, je n’irai pas écouter le son. J’ai donc tendance à privilégier dans un premier temps la forme, pour ensuite mettre en avant le fond. Il n’y a donc pas de règle. Même au sein du groupe, on est partagés. »
1995, c’était une belle époque ?
« Oui, sinon on ne se serait pas appelés comme ça. »
Au niveau du rap, vous souhaiteriez revenir à cette période ?
« Non, pas du tout. Il n’y a pas de nostalgie. En 1995, je n’écoutais pas de musique et j’en faisais encore moins. C’est vraiment un petit clin d’oeil à une époque dont on écoute les disques aujourd’hui. Mais il n’y a rien de mieux que 2013 pour le rap. »
Vous voyez presque le bout d’une très longue tournée. Plus de deux ans sur les routes. Vous avez envie de quoi maintenant ? De vous poser ?
« La tournée est quelque chose qui nous fait énormément plaisir. C’est la fin du cycle de l’album. Après, des solos qui vont se faire dans le groupe. »
Dans cette tournée, y a-t-il une date, une salle, un festival qui vous a particulièrement marqué ?
« Toutes les dates sont spéciales, mais je retiendrai celle du Palais des sports de Paris. C’était assez balèze. On a joué dans une salle où il y avait pas mal de familles, c’était sympa. C’était un public plus proche. »
Propos recueillis par Naëlle Le Moal
1995, jeudi 15 août, à 22 h, place Voltaire, à Châteauroux. Tarif : 29 €, avec Taïro en première partie (21 h).
https://www.youtube.com/watch?v=<a class="smarterwiki-linkify" href="http://youtu.be/1RMwjsV0ZYE">http://youtu.be/1RMwjsV0ZYE[/youtube]
Leave a comment
Sondage
Commentaires recents
Categories
Articles recents
- août 2014 (34)
- juillet 2014 (3)
- août 2013 (65)
- juin 2013 (3)
- mai 2013 (1)
- août 2012 (99)
- juillet 2012 (3)
- juin 2012 (2)
- mai 2012 (7)
- mars 2012 (3)
- septembre 2011 (9)
- août 2011 (99)
- juin 2011 (3)
- mai 2011 (5)
- août 2010 (126)
- juillet 2010 (5)
Calendrier d'événement
Le site du festival
L’actu de l’Indre sur le site de la NR
- « Les choses viendront d’en bas plutôt que d’en haut » : le président des maires de l’Indre optimiste après le discours de Michel Barnier 21 novembre 2024
- Zaho de Sagazan en concert à l’Arena Futuroscope le 27 novembre 2024 : « Je n’ai aucune aptitude au mystère » 21 novembre 2024
- Vendôme : Il gardait chez lui plus de 600 cartouches de cigarettes contrefaites 21 novembre 2024