Projet d'aménagement d'une partie du site des anciens abattoirs.
Le terme « pharaonique » n’est pas usurpé : sur le site des ex-abattoirs municipaux (aujourd’hui rasés), rue de Suède, à Tours-Nord, la société Tours Promotions envisage de réaliser 700 à 800 logements collectifs, dans le cadre d’un programme baptisé le Platinium (NR du 11 février : Plus de 700 logements sur les anciens abattoirs).
Une opération immobilière – dont les premiers coups de pioche pourraient être donnés en fin d’année – que le promoteur espère réaliser en totalité sur cinq à sept ans, en ciblant notamment les primo-accédants disposant de revenus moyens ou modeste. Avec, pour ces foyers, des prix attractifs (autour de 2.000 € le m2) au regard des tarifs habituellement affichés dans l’immobilier neuf sur Tours.
Mais ce projet concentré sur une emprise de 3,5 hectares, qui multiplie les immeubles en R+6, suscite déjà quelques interrogations de la part d’observateurs : ils tiquent sur sa densité (plus de 200 logements par hectare) et sur son éloignement par rapport à la future ligne de tramway. Pour vous permettre de vous faire une petite idée de ce que pourrait être ce nouveau quartier de Tours, nous dévoilons deux documents de travail (non définitifs) communiqués par Joseph-Georges Berdugo, le patron de Tours Promotions.
A la lumière de ces visuels, quelle est votre première impression ?
Tours Promotions aménagerait les 3,5 hectares des anciens abattoirs, bordés par la rue de Suède (au nord) et la rue Baptiste-Marcet (à l'ouest).
Merci pour ces documents,
Connait-on les noms des architectes ? On ne peut évidemment se prononcer sur des volumes, mais étant donné l’ampleur de l’opération, il serait sans doute souhaitable que différents hommes de l’art soient conviés, comme à Monconseil, où on voit d’assez belles réalisations.
Ce qui m’effraie ici, outre la densité, c’est qu’il n’y ait qu’un seul maître d’ouvrage. J-G Berdugo aura à cœur, c’est son droit, de gagner de l’argent sur l’opération. Mais sa cible est formée par les foyers peu aisés, qui ne peuvent pas dépenser beaucoup. L’architecture sera en adéquation avec les moyens des acquéreurs. Tout conduit à avoir recours à des matériaux peu chers, des plans standardisés, un nombre d’intervenants réduit au minimum.
Ajoutez à cela une très forte densité : 200 à 230 logements/ha, c’est du jamais vu à Tours pour des quartiers neufs ! Certes ils seront de petites dimensions, d’où une densité de population sans doute moindre que les grands ensembles à leurs débuts. Mais ce terrain est bien éloigné du centre ville, des parcs, des commerces, du tramway, s’inscrit dans un site sans charme aucun… Avec les économies de moyens et de personnes, ce sont autant de conditions qui jadis menèrent nombre de ZUP à l’échec.
Certes on en est pas encore là. Et placés où ils sont, à l’emplacement d’une friche hideuse, ces logements ne gêneront personne, sinon peut-être leurs propres habitants. Ne pourrait-on pas, en attendant, restructurer des secteurs plus proches du centre-ville ? L’avenue Maginot et l’avenue de Bordeaux (Joué/Chambray) sont affreuses ; l’ancien projet de la CIRMAD, à Pont-Cher, attend un repreneur ; que dire du carrefour Saint-Sauveur ou du carrefour de l’Alouette, avec son bête échangeur qui consomme un espace considérable ? Certes il y a la voie SNCF, mais entre le lac de la Bergeonnerie et la bois de Grandmont, le site est tout de même plus agréable que la Z.I. des Douets.
Je finis sur quelques questions : pourquoi ne pas avoir créé une ZAC, pouvant même « descendre » jusqu’au carrefour de la Marne, puisque tout cet espace est amené, et on peut s’en féliciter, à évoluer à long terme ? Pourquoi ne pas avoir scindé le terrain des abattoirs pour ensuite le confier à différents promoteurs ? Ce n’est pas de ma part une accusation, il y a sans doute de bonnes raisons, mais il serait préférable de les apprendre de la part de la Ville plutôt que du promoteur.