La Ville de Saint-Pierre a acheté à la SNCF le Magasin général, lundi, 1,3 million d’euros. Elle louera une partie du terrain à Dalkia, 220.000 euros par an.
Ça bouge, décidément, dans le secteur des Magasins généraux, pour lequel la mairie de Saint-Pierre, et l’agglo tout entière, nourrissent de grandes ambitions : outre l’installation de l’entreprise Socofer, l’acquisition définitive du site par Saint-Pierre va aussi permettre à la multinationale Dalkia de construire une centrale de cogénération biomasse qui servira à chauffer des logements des Rives-du-Cher, à Tours, et à produire de l’électricité (28 MW).
Jackpot en vue pour la ville de Saint-Pierre : lundi soir, au conseil municipal, les élus ont voté une délibération fixant le loyer à 220.000 euros par an, pendant 30 ans. C’est ce que paiera Dalkia à la ville.
A deux conditions notables : « Il faut que la zone de dépotage de la biomasse soit compatible avec une desserte par wagon, et que soit étudiée l’évacuation des centres pour qu’elles repartent par wagon, ce qui permettrait de réduire le trafic sur la route », indique la délibération.
En effet, la rotation annoncée de 18 camions par jour en inquiète plus d’un. Notamment, Claude Prinet (Arial les Verts) : « L’agglo est déjà saturée. Quid de la qualité de l’air ? Il y a déjà des dépassements. » Récemment, la Sepant et des représentants de la filière bois ont fait part des mêmes réserves, dans la NR.
Patrick Bourbon (100% à gauche) a souligné la hausse du prix de cette acquisition, comparé à la première étude, coûteuse (250.000 €, commandée par Tour(s)plus à Nicolas Michelin) : « C’est un bâtiment très important du point de vue du patrimoine, je le vois bien, mais qu’en faire ? », s’interroge l’élu.
« Il ne faut pas faire la fine bouche sur un projet comme ça »
Les réactions de la majorité ont été immédiates : « 9 ha, en coeur d’agglomération, embranchés au ferroviaire ! Il ne faut pas se poser trop de questions », a commenté Daniel Ménier, adjoint. « La centrale biomasse et Socofer vont booster le secteur, c’est incroyable, il faut y aller à fond ! »
Martine Belnoue, première adjointe, est du même avis : « Il ne faut pas faire la fine bouche sur un projet comme ça. » Patrick Bourbon intervient : « Il n’y a pas de projet! » Au contraire, lui répond Joël Pairis, socialiste, qui participait au comité de pilotage sur le Magasin général : « Il y a évidemment un projet derrière, mais il se finalisera sur 20 ans, peut-être que nous ne verrons pas la fin, mais c’est également le rôle du politique que d’impulser cela! »
En tout cas, conclut Michel Mémin (PDF) : « Si on ne l’achète pas, d’autres le feront, on n’a pas le droit de laisser passer l’occasion. »
« 220.000 euros, ça donne une idée des profits réalisés par Dalkia »
« La redevance annuelle de 220.000 € donne une petite idée des profits qui sont faits par Dalkia », commente enfin l’élu de 100% à gauche, Patrick Bourbon, à propos de la délibération portant sur le bail emphytéotique et le loyer annuel de 220.000 euros. « Tous les services publics, et notamment celui de l’énergie, du chauffage urbain, devraient être gérés par les collectivités, pas par le privé. » Et de tacler la majorité communiste : « Je suis cohérent, moi. Le capitalisme, je ne le dénonce pas seulement lors des fêtes électorales. »
Bonjour,
Je n’ai pas actuellement d’avis tranché sur cette question. Je pense qu’il faut être très prudent et méfiant envers ce qui pourrait être de « fausses bonnes idées ».
Les interrogations de la Sepant me semblent légitimes et les réponses de Dalkia pourraient être biaisées quand l’une des seules données que je peux vérifier m’apparaît fausse : la distance à parcourir pour aller du nord-est des magasins généraux au Sanitas est largement supérieure aux 1 à 2 kms cités. Et 2% de déperdition, ça peut-être énorme…
Plus généralement, je suis très méfiant sur deux points. 1) Les Partenatiats Publics-Privés qui bénéficient davantage au très grosses entreprises Privées qu’au Public (et on voit les élus communistes se comporter comme les élus socialistes ou de droite ; où est-elle la « révolution citoyenne » ? Pourquoi ne pas imposer le transport ferrovaire ?). 2) La concentration des ressources énergétiques avec des gestions très lourdes et opaques, alors qu’on pourrait aller vers un éclatement et des localisations multiples et plus petites (c’est flagrant pour l’évolution des éoliennes).
Donc même si mon opinion n’est pas encore faite (notamment, aussi, parce que je ne connais pas les raisons qui amènent à chauffer différemment le Sanitas, et les alternatives, la géothermie ?), je me sens a priori plus proche de la méfiance de la Sepant que de l’enthousiasme béat de Dalkia et des élus qui assènent leur vérité.
Peut-être n’ont-ils pas tort en fin de compte, mais c’est bien plus complexe qu’ils ne le prétendent et le précédent d’un tramway devenu anti-écologique au service des Bouygues et Vinci qui investissent la ville rend très prudent…
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