Notre époque a élevé en véritable philosophie de vie l’art de la litote: plus question d’appeler un chat un chat, sous peine de passer pour politiquement incorrect. Et tout le monde, peu ou prou, est invité à entrer dans ce carcan lexicologique. Pour ne pas faire tache dans notre société, il faut euphémiser!
Ce matin, j’ai reçu une longue lettre de La Poste s’adressant au « client fidèle » que je suis (mais qui ne l’est pas?), pour l’informer des « évolutions tarifaires (sic) pour l’année 2015″. N’étant pas « contrarié cognitivement » (bref, je ne suis pas complètement crétin – enfin j’espère! –), j’ai cru deviner que l’on m’annonçait des augmentations. Mais pas trace de ce vilain mot dans le texte.
D’« évolutions » en « ajustements tarifaires », on lit que le prix de la lettre verte passe de 0,61 à 0,68€, celui de la lettre prioritaire de 0,66 à 0,76€. Certains, à l’aide d’une calculette, y verront des augmentations, respectivement, de 11,48% et 15,15% (une paille!). Mais ces mauvais esprits au langage trop cru n’ont rien compris. Il faut en réalité y voir « un accroissement de l’avantage tarifaire de la lettre verte de 5 à 8 centimes ». Pour un peu, je dirais merci.
Désolé, mais moi (et j’ai l’impression que je ne vais pas être le seul), je continue à voir là bêtement des augmentations de tarifs. Mais je dois être mal-comprenant…