Le 22 janvier, les vignerons des appellations cheverny et cour-cheverny fêtaient la saint Vincent.
Une fête traditionnelle, avec char décoré et messe, comme le font les chasseurs à la saint Hubert, les gendarmes à la sainte Geneviève (mais sans char), etc.
Les mécréants eux, s’étaient discrètement donné rendez-vous en face de l’église de Cheverny, dans la maison des vins, pour une autre sorte de messe : un hommage plutôt à la plus originale des appellations du Val de Loire, mais trop méconnue, le cour-cheverny.
A peine 55 hectares de surface, une vingtaine de viticulteurs dont une dizaine seulement ont une production significative, une seule couleur, le blanc, et un cépage unique au monde, le romorantin : la carte d’identité du cour-cheverny, AOC depuis 1993 est vraiment étonnante.
Encore plus étonnants sont les vins ! Vifs et longs en bouche dès leur jeune âge, leurs arômes de pomme ou de poire évoluent avec l’âge vers le miel, la noix, la cire, les fruits exotiques…
Et ils vieillissent merveilleusement, ces blancs pas ordinaires !
C’est ce que voulaient montrer les vignerons en ce jour de saint Vincent, en proposant des millésimes jusqu’à 15 ans d’âge à la dégustation.
Des vins superbes, qu’on imagine très bien sur une viande blanche à la crème, un plat au curry, ou même encore plus simplement, accompagnant un comté bien affiné.
Les spécialistes trouvent d’ailleurs des similitudes entre le cour-cheverny et le vin jaune du Jura, pourtant issu d’un tout autre cépage, et d’un autre terroir.
Mais voilà. Malgré toutes ces qualités, le cour-cheverny n’arrive pas à se faire sa place au soleil. Faible production, confusion avec le cheverny voisin ( qui a aussi de beaux arguments, mais très différents), arômes atypiques pour un vin de Loire…
Difficile pourtant, une fois qu’on a rencontré un cour-cheverny, de ne pas tomber sous le charme de cet illustre inconnu. Il suffit de se le faire présenter ! Les amoureux du romorantin devraient monter un fan-club… le cour-cheverny et ses producteurs le valent bien.
(Merci à Philippe Tessier, Michel Gendrier, et Philippe Loquineau, pour la dégustation de leurs vieux millésimes de cour-cheverny, et leurs explications.)
Pour en savoir plus >> la Maison des vins de Cheverny