A ma gauche, Laurent Coq. Pianiste de jazz, compositeur, arrangeur. Auteur de sept albums en leader dont le dernier, Eight fragments of summer, est un bijou délicat (*).
A ma droite, TSF Jazz, radio privée « 100 % jazz » et son programmateur Sébastien Vidal, également directeur de la salle parisienne Le Duc des Lombards.
Entre les deux, depuis quelques jours, ça balance… des « amabilités » bien peu mélodieuses.
Je vous en livre deux courts extraits, qui, au-delà des querelles de personnes et de faits particuliers, me semblent aborder un débat plus large.
Laurent Coq : « Il est grand temps de prendre conscience que le jazz est entré en mode Sarkozy. Une manière Bling-bling de le présenter et de le vendre, qui voudrait adopter les même méthodes que pour la variété qu’on sert sur M6. Eh bien, non. Le Jazz ne peut supporter pareil traitement sans en pâtir gravement. C’est malheureusement déjà le cas, et je constate avec beaucoup de tristesse que tout un pan – le plus créatif – de cette musique n’a plus droit de cité ni sur la scène du Duc, ni sur les ondes de TSF, ou alors à dose homéopathique. »
Bruno Deport (gérant de TSF jazz) : « Nous n’avons jamais prétendu à l’exhaustivité. Nous n’avons pas de mission de service public. Nous ne sommes qu’une radio et qu’un club. Nous n’avons jamais empêché quiconque de faire de même. Mais nous continuerons d’être indépendants dans nos choix tout comme vous en faites dans vos choix artistiques. Ca peut vous déplaire parfois ou souvent, mais c’est comme ca. »
Ces échanges ont été publiés sur un blog, baptisé du très joli nom de Révolution de Jazzmin. Ils ont fait l’objet de plus de 180 commentaires, à l’instant où je l’écris.
- Des musiciens professionnels : Julien Lourau, Sébastien Paindestre, Géraldine Laurent, Olivier Calmel, Henri Roger, Jérôme Sabbagh…
- Des agents et tourneurs : Christophe Deghelt, Reno di Matteo…
- Un journaliste : Pierre de Chocqueuse, un photographe professionnel : Juan Carlos Hernandez…
- Des amateurs de jazz
Il faut trier bien sûr, et prendre le recul nécessaire à plus de sérénité.
Mais le débat sur la diffusion du jazz est désormais grand ouvert : ondes privées et publiques, salles privées et scènes nationales, festivals à gros et petits budgets… tout cela nous parle aussi à nous, public !
Et dans notre région Centre, n’aurions-nous pas également matière à discuter, à trouver quelque écho à ce « coup de gueule » ?
(*) Laurent Coq sera en région Centre avec le quartet Saïgon de Julien Loureau le 7 mai à Bourges, et le 12 mai à Châteauroux.
Pour ceux qui suivent ce débat, ne pas louper dans les 380 et quelques commentaires désormais celui de Laurent de Wilde. Précis, concis, intelligent, sans langue de bois ni excès. Bref, du L2W
Extrait : « Troisième étage : le jazz aujourd’hui. Ben oui, c’est pas fameux. Depuis 2003, le business de la musique n’en finit pas de s’effondrer par manque de clairvoyance de l’industrie musicale par rapport au net. Au lieu de l’apprivoiser comme un nouveau média, les majors et conservateurs de tout poil ont essayé de le piétiner avec une ardeur qui rappelle le roi Xerxes faisant fouetter la mer qui avait détruit ses navires. On en est arrivé au point où (surprise !) on s’aperçoit qu’on n’a fait que perdre du temps et enrichir les avocats. «
@Ptilou : Oui j’ai vu ton billet aussi. Et je suis d’accord sur le relais qu’on peut essayer de jouer. Sauf qu’ici, il y aurait aussi des choses à dire, mais pas de Laurent Coq pour l’oser…
J’ai relayé également ce début stimulant sur les difficultés du métier… C’est certainement notre rôle !
http://tinyurl.com/6l4ewba