Vous aviez pensé que JazzOcentre était mort… disons que ce blog n’est pas bien vaillant depuis quelques mois. La faute en incombe au lancement d’un autre projet qui m’a pris beaucoup de temps et d’énergie. Ca s’appelle Foutue Planète, c’est un groupe facebook consacré à l’information et au débat sur le climat, la biodiversité et l’environnement, et si ça vous intéresse, vous y serez les bienvenus.
Mais puisque Noël arrive à grands pas, j’en profite pour vous glisser quelques idées d’albums (plus ou moins) jazz que j’ai aimé ces derniers mois. Sait-on jamais ?
- Louis Sclavis « Characters on a wall » . Depuis que j’ai découvert » Chine « en 1989 et la clarinette basse par la même occasion, aucun album de Louis Sclavis ne m’a déçue. Celui-ci est un nouveau chef-d’oeuvre de mélodie et de délicatesse à ajouter sur la pile. Pour le reste, je vous renvoie à cette chronique de Denis Desassis dont je partage chaque mot.
- François Corneloup « Revolution ». Ca vient de sortir et c’est le cadeau idéal pour s’offrir un bol d’oxygène et d’espoir dans un monde, comment dire, plutôt désespérant. Le sax baryton, c’est la version cuivrée, un poil plus « roots », de la clarinette basse. Ca joue de notre corde sensible avec une voix bien grave et de faux airs de gros dur. Allez lire ce chouette article sur le site de FIP, une belle radio en voie de disparition…
- Théo Ceccaldi trio « Django ». Vous n’aimez pas le jazz manouche ? Vous adorerez cette manière d’en aborder les contours pour mieux le détourner. Vous aimez le jazz manouche ? Vous vous réjouirez de cet hommage qui sent le frais, la liberté, la créativité. Ne manquez pas la chronique de Matthieu Jouan pour Citizen Jazz, vous aurez en prime un début d’explication sur le choix des curieuses illustrations de cet album.
- Magma « Zess ». L’album a été très diversement apprécié des fans du groupe créé par Christian Vander il y a 50 ans. La seule version qui existait jusqu’ici, enregistrée live, avait les accents martiaux d’une période grandiloquente. Cet enregistrement, avec un orchestre philarmonique, relève de la poésie et de la révélation apaisée. C’est peut-être le moment de vous réconcilier avec la zeuhl ? Allez jeter une oreille sur l’émission qu’Alex Duthil sur France Musique y a consacrée.
- Clément Janinet « O.U.R.S ». Sorti en 2018, mais découvert en 2019 grâce à la web radio Le Grigri, cet album est un ovni, une musique venue des étoiles ou peut-être du coeur de la Terre, c’est puissant et aérien à la fois, vibrant, terriblement séduisant. Le son du violon de Clément Janinet est un envoûtement qu’on se gardera bien de briser ! Plutôt que d’en lire quoi que ce soit, faites d’abord l’expérience de l’écoute.
- Chris Potter « Circuits ». Il suffit de jeter un coup d’oeil aux noms des musiciens retenus pour cet album, et l’on comprend qu’on est cette fois-ci sur le versant groove du saxophoniste américain. La paire Linley Marthe / Eric Harland emporte tous les suffrages du genre, le claviériste James Francis n’est pas en reste… et Chris Potter fait tout le reste : sax, clarinette, flûte, guitare, sampler, etc. L’album qu’il vous faut pour bien commencer la journée. Chronique détaillée sur The Jazz Man si vous lisez l’anglais.
- Jean-Christophe Cholet « Extended whispers ». Le pianiste et compositeur orléanais joue d’une large palette d’inspirations, qu’il conjugue en autant de projets différents. Cet album-ci, en quintet, est dominé par le dialogue complice qu’il entretient avec Matthieu Michel, dont le superbe son de bugle frappe d’entrée de jeu. Autour de cette présence rayonnante s’articulent les compositions, se déploient les improvisations, avec un jeu subtil sur les couleurs auquel contribuent l’accordéon de Didier Ithursarry, les percussions de Ramon Lopez et la contrebasse de Heiri Kanzig. Petite chronique avec son sur ce blog.
- Andy Emler/ Dave Liebman « Journey around the truth ». Si Louis Sclavis est un phare dans mon histoire musicale, Dave Liebman est une balise. Un de mes plus beaux souvenirs reste le concert « On the corner », d’abord dégusté en vidéo depuis La Villette où il fut créé, puis vécu en direct à Orléans en 2011. Pour revisiter cet album clef de Miles Davis, le saxophoniste avait notamment fait confiance à un de ses vieux amis français, le pianiste et claviériste Andy Emler. Ces deux amis de 30 ans (et plus) ont relevé en 2019 le pari fou d’un duo saxophone / grand orgue, enregistré à la Maison de la radio. Mieux, ils l’ont joué en direct, mais par relais vidéo interposé, dans la cathédrale de Coutances au printemps, Emler enfermé avec le grand orgue tout en haut, Liebman sous la nef tout en bas. Moment magique, hors du temps, comme cet album dépouillé, sincère, inspiré et très joueur aussi ! Excellent article sur FIP avec interview et extraits musicaux.