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Sur cette étagère au-dessus de l’ampli, il y a des  CD que je viens d’acheter, des CD que j’aime écouter souvent, des CD que je n’ai pas envie de ranger, des CD particuliers, qui montent et descendent, se mélangent sans logique,  au fil des écoutes et des humeurs du jour…

Sur la pile des CD, aujourd’hui il y a :

« Constantine », un album singulier, signé des frères Valentin et Théo Ceccaldi et sorti en décembre 2020.

( C’est aussi l’occasion de vous signaler que Constantine sera en concert le 21 décembre 2021 au Théâtre d’Orléans.)

constantine

Sur ce blog, j’ai rencontré il y a un petit paquet d’années Valentin Ceccaldi et son violoncelle alors qu’avec ses potes étudiants, il se faisait le chantre des « pâtes riz » sous le pseudo de Marcel et Solange.

Dans la foulée, j’ai découvert son grand frère Théo, violoniste, à l’occasion du premier concert de son premier trio, à Orléans. Avec Valentin au violoncelle.

Et puis, je me suis aperçue que les Ceccaldi à Orléans, c’était plus qu’une fratrie, c’était une dynastie et une tribu à la fois. Que Valentin et Théo, avec leurs potes  Quentin Biardeau, Guillaume Aknine, Gabriel Lemaire, Florian Satche, Adrien Chennebault, gravitaient tous autour d’un même lieu, où se vivait, où s’improvisait, où se tricotait (eh oui !) une musique libre et engagée.

Et le tout, sous l’ombre tutélaire d’un certain Serge Ceccaldi, fondateur et directeur de  Musique et équilibre, école de musique associative ouverte à toutes et tous, et depuis 2006,  adhérente de la Fédération Nationale des Écoles à Influence Jazz et Musiques Actuelles.

Pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce que « Constantine », c’est l’hommage des frères Ceccaldi, mais aussi de toute leur bande orléanaise, à Serge Ceccaldi, né à Constantine en 1960, déraciné avec sa famille en 1962, musicien autodidacte et militant, compositeur de centaines de musiques pour le théâtre.

constantine sortie

Valentin et Théo sont allés fouiner dans cette production foisonnante, dans les malles de partitions du grenier familial, en cachette de Serge, pour en extraire une dizaine de thèmes, dont Quentin Biardeau, qui connait si bien les lascars, a su tirer des arrangements sur mesure, avec juste ce qu’il fallait de distance pour réussir la fusion de la quête d’identité paternelle et des aspirations universelles des fistons.

« Constantine « est un album foisonnant, qui sonne rock comme il chante l’orient, habité de sons multicolores et traversé d’une énergie puissante. Bâti autour des thèmes de l’exil, il laisse pourtant s’exprimer une musique qui semble puiser ses racines dans les profondeurs de la croûte terrestre, et lancer ses branches par-delà le ciel et les toits, de Constantine ou d’Orléans, vers des horizons sans limites.

Une passionnante aventure, familiale et humaine, artistique aussi, ayant entraîné avec elle, outre la tribu du Tricollectif, des musiciens tels que Leila Martial Thomas de Pourquery, ou encore Michel Portal, à propos duquel Théo Ceccaldi livrait, au moment de la sortie de l’album, cette belle anecdote avec laquelle va se conclure cette (très longue) première chronique « sur la pile ».

>>> A lire en écoutant « Et même le ciel », le morceau de l’album, où joue Michel Portal.

« La première fois que j’ai rencontré Michel pour préparer un concert en duo, il est venu à la maison.

83 ans, 10h du matin, le bonhomme débarque avec sa clarinette basse, sa petite clarinette, son bandonéon et une énorme valise remplie de partitions réarrangées spécialement pour nous. 4 étages, pas d’ascenseur. C’est pas cela qui allait le décourager. Mon petit appartement se transforme très vite en champ de bataille, il m’avait prévenu au téléphone, « j’aime travailler », ça tombait plutôt pas mal, moi aussi. Les partitions virevoltent dans l’appart, jonchant tous les petits mètres carrés à présent. Les compositions se succèdent vite, pas le temps de rejouer 2 fois la même, on choisira plus tard. Des Tango, des vieilles chansons enregistrés avec Gainsbourg à l’époque, tout y passe. Et on cherche, et on fouille, comment faire sonner avec nos instruments mélodiques, un violon et une clarinette.
18h, on a même pas pris le temps de s’arrêter pour déjeuner et nous sommes remplis de musique. Je suis moi-même rempli d’une énergie phénoménal que ce monsieur vient de me transmettre, comme un Blast, un shoot en pleine lucarne.
C’est ça Michel, une urgence de créer, une volonté de sans cesse se remettre en question, de se renouveler.
C’est pourquoi quand nous avons ressorti ce Tango, une des pièces emblématiques de la musique de notre père, qui a bercé notre enfance,
Nous avons d’emblée pensé à Michel en invité, au bandonéon d’abord (offert par Astor Piazzolla himself) et à la clarinette basse pour ce solo enflammé.
Merci Michel pour ce feu sacré. »

 

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