La 5e dimension : objectif « maintien »

Chez Les Pieds Carrés, peu d’idéaux nous sont aussi chers que celui du football vrai. Celui du dimanche après-midi. Celui des terrains pourris. Celui qui fait chauffer le barbecue autour de la main courante. Jusqu’à la fin de la saison, nous vous proposons une plongée dans ce football qui sent bon le terroir. Direction Esvres-sur-Indre et son équipe de Cinquième Division de District.

Une (petite) partie de la vingtaine de joueurs qui ont évolué sous les couleurs de l’équipe (photo AS Esvres).

D’emblée, replaçons tout de suite les choses dans leur contexte. Non, l’Aube sportive d’Esvres ne saurait se résumer à une équipe de cinquième division de district. C’est avant tout une école de foot structurée, labellisée. Ce sont aussi deux autres équipes seniors évoluant à des échelons supérieurs. Mais passons outre ces éléments qui n’ont, il faut l’avouer, rien de détails.

L’équipe 3 de l’AS Esvres, puisque c’est d’elle dont il s’agit, est actuellement 6e de sa poule. Sur onze. Un classement ni bon, ni mauvais. Allez donc demander à Rennes ou à Reims ce que leur inspire leur classement ? À coup sûr : « ça pourrait être mieux », ou « ça pourrait être pire ».

De notre côté, disons le tout net, ça pourrait être mieux. Pourquoi ? Parce qu’on ne fait pas avancer un groupe avec des « ça pourrait être pire ». Pourtant, en début de saison, imaginer avoir ce classement à la trêve n’était pas utopique, mais presque. Pour la première fois depuis plusieurs années, le club avait décidé de relancer une troisième équipe dans la catégorie, histoire de donner du temps de jeu aux nombreux licenciés. Une équipe, a priori, faite de bric et de broc (on vous voit venir, vous qui pensez à l’équipe de hand du Qatar). Une équipe faite sur mesure pour Aldo, quinqua toujours souriant, marathonien qui s’ignore et – accessoirement – président du club. « Comment ça, je ne vais pas jouer en 2 ? », s’était-il d’ailleurs offusqué au lancement de cette troisième équipe. Et non, place aux jeunes, au-dessus !

À la trêve, donc, l’équipe est sixième du championnat. Quatre victoires, un nul et cinq défaites, le bilan est presque à l’équilibre. Encore deux ou trois victoires et le maintien serait théoriquement acquis. Pas mathématiquement. Parce que la spécificité de ce championnat de cinquième division est qu’on n’en descend pas. Chaque week-end, c’est une lutte sans merci qui se joue pour ne pas finir avec le titre honorifique de pire équipe de France (que pourraient se partager toutes les équipes dernières de la dernière division de chaque département, vous suivez ?). En soi, déjà un motif de motivation.

Alors oui, à la mi-saison, l’équipe trois d’Esvres est une équipe moyenne de la plus basse division de son département. Mais qu’importe : l’essentiel est ailleurs. L’état d’esprit qui règne au sein de l’équipe fait sa force. L’alchimie née en quelques semaines entre un barman, un ouvrier, un cadre supérieur, un éduc’ spé’, un infirmier et tout le reste de la bande est déjà une victoire. Et si l’on est déjà convaincu que ces joueurs sont (à leur manière) les meilleurs du monde, reste à les convaincre, eux, qu’ils peuvent déplacer des montagnes. Premiers éléments de réponse après le 8 février, après la reprise du championnat à Descartes. Si les dieux du football et de la météo sont d’accord.