7 fév 2012
Chloé Bossard

Les candidats à l’assaut de l’Outre-mer

Les images de l’arrivée chaotique de Marine Le Pen à l’aéroport de Saint-Denis de la Réunion ont tourné en boucle sur les télévisions aujourd’hui. Huées, banderoles hostiles, Marseillaise en créole et même jets d’eau attendaient la candidate du Front national dès sa descente d’avion, malgré un important cordon policier. La plupart des manifestants se réclamaient du Mouvement des jeunes socialistes et du Front de Gauche.

La scène rappelle l’arrivée de Jean-Marie Le Pen, son père, en Martinique, en 1987. Il avait alors été empêché d’atterrir à Fort-de-France. En 2001, lors d’un deuxième essai, des militants et associations anti-racistes avaient contraint l’ancien président du FN à reporter son voyage à la Réunion. Si bien qu’il n’a jamais pu faire campagne aux Antilles.

Force est de constater que l’électorat d’outre-mer, traditionnellement ancré à gauche (excepté la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie), n’est pas acquis à la cause frontiste. En 2002, Jean-Marie Le Pen avait récolté 3,8% des suffrages à La Réunion, l’un de ses plus bas scores, alors qu’il accédait au second tour avec 16,86% au niveau national.

Aujourd’hui, sa fille, toujours en quête de parrainages pour faire valider sa candidature, n’a pas trouvé de soutien parmi les principaux élus locaux. Elle a d’ailleurs annulé ses déplacements prévus en Martinique et en Guadeloupe au mois de mars, pour se consacrer à la recherche des signatures manquantes.

Même si les onze territoires ultra-marins ne représentent que 3,5% des électeurs potentiels, ils sont une étape obligée pour les principaux candidats. Ainsi, lors de sa visite en Guyane fin janvier, Nicolas Sarkozy a présenté des voeux aux résidents d’outre-mer sous forme de promesses. Il a notamment assuré qu’il se rendrait à la Réunion « dans le premier semestre de cette année ». Les violentes manifestations de 2009 pour le pouvoir d’achat, qui l’avaient convaincu de déplacer une tournée dans les DOM, semblent donc quasi-oubliées. Reste à savoir s’il s’agira d’une visite présidentielle ou électorale. En 2007, il avait réalisé son meilleur score en Nouvelle-Calédonie en 2007, avec 63% des suffrages

Quant à François Hollande, il doit également faire campagne à la Réunion le 29 mars. Mais le candidat socialiste a déjà fait un passage remarqué par les Antilles en effectuant un tir groupé du 14 au 16 janvier dernier. Austérité oblige, la ferveur était loin de celle suscité par la « France métissée » de Ségolène Royal en 2007. L’ex-épouse de François Hollande avait récolté 63% des suffrages en Martinique, et 60% en Guadeloupe.

En son temps déjà, François Mitterrand avait su séduire les Antilles : entre les deux tours de la présidentielle de 1988, c’est aux cris de « Mitterrand président ! » qu’il était accueilli à Pointe-à-Pitre.

Parmi les autres candidats, Jean-Luc Mélenchon a largement anticipé en se rendant à La Réunion en avril 2011. Eva Joly l’a suivi le 26 novembre dernier, avec une étape par Mayotte. François Bayrou, avait fait de même au mois de mai.

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