Ecologie : ce que proposent les partis

Thème majeur de la campagne de 2007, l’écologie semble sortir peu à peu des radars. Les deux candidates vertes, Eva Joly et Corinne Lepage, frôlent le 0% d’intentions de vote. Les autres candidats ne prennent plus la peine d’en parler, même si quelques mentions subsistent dans leur programme. Malgré le tour de force de l’association France nature environnement, qui a fait monter sept candidats à la tribune pour parler environnement le 28 janvier dernier, l’écologie risque donc d’être la grande absente de la campagne 2012.

La faute à la crise, disent les experts es politique. En effet, comment parler environnement ou décroissance quand le chômage et la dette explosent ? En France, « il y a l’idée que l’écologie c’est un peu un luxe qui coûte cher » analyse Daniel Boy spécialiste des verts au centre d’études politiques Cevipof. Difficile, alors, de « réussir à convaincre que la croissance verte va rapporter des emplois ». Ceux qui se risquent à faire de l’écologie une politique sont, au mieux, inaudibles. Restent quelques propositions plutôt consensuelles sur la sobriété énergétique ou le verdissement de l’agriculture (en termes souvent très vagues) et une politique énergétique en suspens. 

 

• Depuis la signature d’un pacte écologique a minima avec Europe Ecologie-Les Verts, le Parti socialiste a relégué les questions écologiques au second, voir au troisième plan. François Hollande ne l’a même pas évoqué dans l’exaltation de son discours du Bourget. Sur le papier, il y consacre seulement trois de ses 60 propositions. Dans la première, il reprend les termes de l’accord signé avec Europe Ecologie-Les Vert : réduction de 75% à 50% de la part du nucléaire dans la production d’électricité d’ici 2025, soutien aux filières de l’énergie renouvelable, fermeture de la centrale de Fessenheim. La seconde, qui propose une tarification progressives de l’eau, du gaz et de l’électricité, concerne finalement plus la lutte contre la précarité énergétique. La troisième promet un vaste plan d’isolation thermique.

 Au grand oral de France nature environnement, il a aussi lancé l’idée d' »ouvrir une conférence environnementale » (une sorte de Grenelle de l’environnement bis ?) et de créer une filière d’excellence dans le démantèlement de centrales.

L’appel des 3000 – Intervention de François… par FranceNatureEnvironnement 

• En 2010, Nicolas Sarkozy avait affiché la couleur : « l’écologie, ça comment à bien faire ». En 2012, l’Ump, peu prolixe sur les détails de son programme pour l’instant, faute de candidat officiellement déclaré, n’a pas jugé l’écologie assez porteuse pour la faire figurer parmi ses 14 thèmes de campagne. Les perspectives environnementales sont cantonnées à l’un des sous-chapitres de son projet 2012. Il faut aller voir sous l’onglet « Atouts stratégique », et ouvrir le volet « Développement durable, notre avenir se prépare aujourd’hui’. Là, le parti de la majorité dresse un bilan flatteur du Grenelle de l’environnement avant de dérouler 27 propositions qui affichent une volonté de « favoriser », « encourager », « promouvoir » les bonnes pratiques en matière environnementales, la lutte contre la pollution, la performance énergétique… Mais aucun engagement concrets.  On y trouve aussi une proposition sur le « développement du télétravail en le mettant au service du bien-être et de la productivité du salarié » qui semble avoir peu à voir avec le développement durable…

• De François Bayrou, avec qui elle a fondé le Modem, la candidate de Cap 21, Corinne Lepage dit qu’il ne s’intéresse pas à l’écologie. Le candidat centriste, qui avait réussi à faire sensation auprès de quelques écologistes en parlant, en décembre 2011, « d’écologie positive », n’a pas encore intégré sa déclaration à ses thèmes de campagnes… Se refusant à prendre position sur la sortie du nucléaire, même s’il concède, du bout des lèvres, qu’il s’agit d’une « énergie de transition », le candidat du Modem adopte une ligne environnementale « à l’ancienne ». Plus question ici d’écologie politique. Dans son intervention au raout de l’association FNE, il a parlé protection des abeilles (son premier objectif), « décarbonisation », donc économie d’énergie, et « éducation à l’environnement ».

Intervention de François Bayrou au congrès de… par bayrou

• Entre deux assertions sur l’immigration ou la sortie de l’euro, la candidate du Front national a évoqué, une fois, l’écologie. C’était le 19 décembre dernier, lors d’un déplacement sur les Champs Elysée, comme le rapporte le site developpementdurable.com. Dans son projet 2012, Marine Le Pen y consacre un sous-chapitre, dans l’onglet « Avenir de la nation ». Pour elle, écologie rime avec recentralisation (des moyens de production), réesthétisation (des paysages) et… immigration. Puisqu’elle fait un lien (étrange) entre « saccage  des ressources naturelle » et « flux migratoires liés à la pauvreté ».

 

• Jean-Luc Mélenchon n’est pas contre l’écologie, loin de là. En 2009, a la veille des élections régionales, il en avait même fait l’un des trois piliers de son parti, le Parti de gauche, sous-titré « Ecologie, socialisme, république ». Dans la course à la présidentielle, sous les couleurs du Front de gauche, ce n’est plus sa priorité. S’il n’en parle (presque plus) il n’en oublie pas pour autant ses fondamentaux.

L’appel des 3000 – Intervention de Jean-Luc… par FranceNatureEnvironnement
Le pourfendeur du capitalisme, qui pour lui est aussi la cause principale du désarroi environnemental, propose, c’est l’un des neuf points de son Programme populaire partagé, une « planification écologique ». Il prône la maîtrise publique de l’eau, de l’énergie et de l’assainissement, une éco-modularité des investissements publics, la relocalisation de la production et une taxation kilométrique. A la tribune de la FNE, il a évoqué la tenue d’un « référendum sur l’atome » pour décider collectivement de la sortie ou non du nucléaire.

 

• La relocalisation, c’est aussi l’un des dadas de Corinne Lepage. La présidente de Cap 21, « l’autre » parti vert, fait de l’écologie politique un programme de société. Transition énergétique, bien sûr, avec sortie du nucléaire « à terme », mais surtout fiscalité verte, décentralisation des moyens de production industriels, agricoles et énergétiques, développement d’une filière d’excellence dans les énergies renouvelables, prévention sanitaire et environnementale renforcée en matière de santé… A la tribune de France nature environnement, cette avocate de profession a même évoqué  la création d’un « tribunal pénal international de l’environnement ».

 

L’appel des 3000 – Intervention de Corinne… par FranceNatureEnvironnement 

• La candidate d’Europe Ecologie-Les Verts, elle aussi, fait de la transition écologique une politique. Son programme est saupoudré de vert, qu’il s’agisse d’agriculture, avec une « Loi d’Orientation Agricole » européenne, pour refonder la PAC; d’énergie (sortie du nucléaire, développement des énergies alternatives) ; d’emploi « durable », via « des aides de l’Etat pour les entreprises qui investissent dans la conversion écologique ; la fiscalité, avec la création d’une contribution climat-énergie et l’application du principe pollueur-payeur ; le logement et la précarité, avec une politique ambitieuse d’investissement pour la rénovation énergétique des logements sociaux et des « chèques verts » pour aider les ménages en difficulté à effectuer la transition énergétique. Le public du rassemblement organisé par France Nature Environnement l’a, sans surprise, plutôt bien accueillie.

L’appel des 3000 – Intervention d’Eva Joly… par FranceNatureEnvironnement

• Dominique de Villepin et Hervé Morin ont aussi joué le jeu à la tribune, même si l’environnement est peu présent dans leurs programmes respectifs.