A Roubaix, Joly pose pour la présidentielle
Certains attendaient un enterrement, d’autres un sursaut. C’est finalement un « rendez-vous le 22 avril » qu’à donné Eva Joly aux 1500 sympathisants venus l’encourager à Roubaix pour son premier grand meeting de campagne.
Il n’y avait pas la grandiloquence du discours du Bourget de François Hollande, ni l’euphorie des meetings de Jean-Luc Mélenchon. « Eva Joly n’est pas un tribun ». Ses soutiens l’ont constaté une fois de plus. « Mais elle parle de choses concrètes ». « Elle est droite, honnête, responsable », apprécie une militante venue d’île-de-France. « Persévérante » aussi. Ca personne ne peut y redire. Après avoir essuyé « des torrents de boue », selon la formule de son porte parole, le franco-chilien Sergio Coronado, la candidate écologiste est toujours debout, impeccable dans son tailleur noir – une sobriété… « présidentielle » que seule égayent ses éternelles lunettes rouge.
Portée à la tribune par les harangues de soutien de de la vieille et de la jeune garde du parti – Dominique Voynet, Noël Mamère, Daniel Cohn-Bendit, José Bové, Yannick Jadot et Cécile Duflot – elle a entamé d’une voix égale, sérieuse et apaisée, la présentation de son programme. De ses valeurs à elle – « Liberté, égalité, fraternité » – qu’elle oppose à celles revendiquées par Nicolas Sarkozy ce week-end. Elle se pose plus française que le Président, elle qu’on a raillé pour son accent norvégien. Elle représente « la France métissée ».
Prête à aller jusqu’au bout, « jusqu’au 22 avril », pour porter les propositions écologistes. Un programme articulé autour de l’écologie, bien sûr, de l’environnement, mais aussi d’une aspiration à plus de justice, sociale et fiscale. Son programme, elle le déroule point par point, exemple à l’appui.
Imperturbable malgré les frémissements d’impatience de l’auditoire, elle a dit sa conception de l’énergie (sans nucléaire, parce qu’après « trois accidents nucléaires, nous connaissons les risques que nous ne pouvons plus prendre »), de la santé (en dénonçant les dérives illustrées par l’affaire des prothèses PIP), de l’agriculture raisonnée (pour éviter les scandales environnementaux type « algues vertes en Bretagne » et les maladies liées aux pesticides qui touchent les agriculteurs). Elle détaillé sa vision de la liberté (abrogation des lois Hadopi, des peines plancher, légalisation de l’union civile et de l’adoption pour les couples homosexuels)….
Ce n’était pas long, mais c’était monocorde. Sans emphase.« On s’est emmerdé, il faut le dire », admet un militant dans un sourire. Mais « on ne lui demande pas d’être une bête de scène ». Dans son discours « il y a du contenu », apprécie Pierre, 62 ans. « Elle donne des exemples concrets », qui tranchent avec les « grands discours ». Mais « il y a du contenu ». Ses idées, son programme, la plupart y adhère dans le public. « C’est crédible, ça peut marcher », apprécie un auditeur venu en curieux. « Ils ont des bonnes idées, » estime Brigitte, 60 ans. Qui lui préfère Mélenchon, même si « il manque de vert ». « Je regrette qu’ils aient signé l’accord avec le PS », continue Brigitte. Sinon, peut-être…
« On a montré qu’on était rassemblés, qu’on avait un programme », se félicite Marion, une jeune militante, emballée la perspective d’un « changement de paradigme : la croissance est un mythe ». Europe Ecologie- Les Verts, « propose un autre modèle de société ». Une société où une femme, avec un accent, une double nationalité, un langage simple, des idées claires et même une paire de lunette rouge ne serait pas victime d’un « lynchage » quand elle poserait sa candidature à une élection présidentielle.