Sarkozy fait une sortie en campagne
Il est arrivé avec une heure d’avance, mais il avait déjà fait le coup, alors certains était prêts. Les autres ont pris le train en marche. Plusieurs dizaines de photographes, cameramen, preneurs de son et gratte-papiers. Une ruche qui a bourdonné pendant 4 heures dans les allées du Salon de l’agriculture. Visite présidentielle oblige. Campagne de candidat surtout. Parce que samedi, Nicolas Sarkozy s’est fait une partie de pêche aux voix.
Pas beaucoup d’annonces, tout juste quelques vagues promesses. Quelques piques à ses adversaires, Marine Le Pen pour ses sorties sur la viande Halal (qui ont fâché éleveurs et bouchers) ; François Hollande et Eva Joly, d’une pierre deux coups : pour vouloir rester sept heures, « il doit avoir bien des choses à se faire pardonner »… « Mais s’il doit expliquer pourquoi il travaille avec Mme Eva Joly, il lui faudra bien plus de dix heures. » Parce qu’Eva Joly, elle parle pollution, alors forcément…
Et puis surtout, comme c’est de rigueur, des poignées de mains par centaines. Quelques sourires, une bise à la dame – « c’est elle qui a demandé! » – … et un appel à voter. Pour lui. En refaisant le coup des valeurs : « Je me sens au côté des valeurs que vous portez, celles de gens qui aiment leur travail et qui veulent vivre de leur travail, celles d’hommes et de femmes qui ne veulent pas qu’on les subventionne, qui veulent qu’on les respecte ». Sans oublier le très gaullien « aidez moi » : « Si on partage les mêmes valeurs, j’ai besoin que vous m’aidiez, que vous m’aidiez à faire triompher ces valeurs ».
Et puis comme c’est son slogan, il a aussi évoqué la France forte. Parce qu’une « agriculture forte », c’est un des piliers d’un « pays fort ».
Pas dupe, les éleveurs – c’est surtout eux qui ont eu les honneurs – savent bien qu’il est en campagne. « Il est là, il dit « je vous entends, je vous comprends »… C’est le jeu. », commente l’un d’eux qui vient de lui parler de la difficulté de l’élevage en montagne. Les autres le joueront aussi, à la queue leu leu. Le premier est favori, loin devant, avec 40% d’intentions de vote. Les autres seront écoutés aussi, sait-on jamais. « On sait, toute la France sait qu’il n’y a que deux vrais candidats », analyse Eric, éleveur de vaches Aubrac. « Ou peut-être trois ou quatre ». Soyons généreux. Ils – François Bayrou, François Hollande et Marine Le Pen – gravitent autour de 15%. Mais une bonne moisson au Salon peut changer la donne. Car les agriculteurs, c’est tout de même 8% de l’électorat.
En quatre heures de visite, Nicolas Sarkozy a en tous cas pu constater que le « Casse toi pov’con » de 2008 et son faux bond de 2009 avait été largement éclipsé par son « l’écologie, ça commence à bien faire de 2010 ». Pas de cri, sauf sur l’étal du fruitier. Qu’il a traité par le mépris… C’est combien de pour-cent d’électorat, les fruitiers ? Pas de serrage de paluche du côté de la Confédération paysanne non plus. Ça représente quoi, la confédération paysanne ? Même la FNSEA, dont le patron Xavier Belin, a eu la première main tendue, se le demande alors… « Nicolas Sarkozy a choisi d’avoir des rapports privilégié avec un seul syndicat », lâche le porte parole de la Conf’, à peine amer. Il attend les autres, ceux qui « s’intéresse plus aux actifs et aux rémunérations qu’à la balance extérieure ». Pareil pour les gars du Forum de l’agriculture raisonnée (FARRE) qui lui ont tendu leur petite ardoise pour qu’il leur écrive son message. Et il a écrit… « Nicolas Sarkozy ». Le président ou le candidat ?