Les artistes engagés, un argument de vote ?
Alors que la course aux signatures n’est pas encore terminée pour certains candidats, d’autres mettent en avant un type de parrainages… moins institutionnel. Les people ont fait leur apparition dans cette campagne, et certains n’hésitent plus à afficher clairement leur choix.
Dans le camp Sarkozy, on se réjouit d’avoir attrapé le gros poisson Gérard Depardieu. L’acteur est annoncé cet après-midi au grand meeting de Villepinte. Son soutien n’était pourtant pas acquis, car il a souvent changé de camp : militant pour la réélection de François Mitterrand en 1988, il appuie Nicolas Sarkozy en 2007, avant d’annoncer sa préférence pour Arnaud Montebourg lors de la primaire PS, dans un entretien au Parisien.
Le président sortant peut également se targuer d’avoir su séduire les frères Bogdanoff, Enrico Macias. Didier Barbelivien, Christian Clavier et Gilbert Montagné, déjà au rendez-vous en 2007, devraient également rempiler, ainsi que Richard Virenque, Alain Prost et Bernard Laporte pour le sport.
Au Parti socialiste, François Hollande a tapé fort en faisant monter Yannick Noah sur scène lors de son grand meeting du Bourget. L’acteur Michel Piccoli, Gérard Darmon, Jamel Debbouze, Josiane Balasko, Benjamin Biolay étaient également de la partie, tout comme Denis Podalydès, interprète du rôle de… Nicolas Sarkozy dans La Conquête. Pour le côté paillette, Christan Lacroix et Geneviève de Fontenay font aussi partie du fan-club.
Pourtant selon une enquête d’Harris Interactive, le soutien d’artistes n’influe pas le vote et serait même « une mauvaise chose pour 71 % des Français ». Jean-Daniel Levy, directeur de l’institut, explique dans l’Express : « ça joue surtout sur l’image du candidat. L’engagement d’un artiste pour un présidentiable peut montrer, par exemple, qu’il est en phase avec la société ». Ainsi, le ralliement de Renaud, « l’autre idole des jeunes », à François Mitterrand en 1988, lui a permis de convaincre une jeunesse réticente à élire un homme déjà âgé.
« C’est cohérent quand cela correspond à un engagement ancien et connu », acquiesce le politologue Arnaud Mercier dans Le Progrès. « Des catégories et des générations ciblées d’électeurs peuvent être sensibles à une personnalité », souligne-t-il.
Pourtant, le spectacle de devrait pas égaler celui de 2007, qui a fait de nombreux déçus. A commencer par Johnny Hallyday, qui a surpris tout le monde en dînant avec François Hollande en janvier, ou encore Michel Sardou, ancien sarkozyste qui n’exclut pas de voter à gauche.
Car en soutenant publiquement un candidat, l’artiste peut se mettre une partie de son public à dos. Citons par exemple Patrick Bruel, Jean-Marie Bigard ou Faudel, symbole de la diversité et de l’ouverture, qui a vécu depuis une descente aux enfers.