Meeting de Villepinte : Nicolas Sarkozy a « tout donné à la France »
Une heure de discours devant environ 70000 militants en liesse. Le meeting de Villepinte, en début d’après-midi, était LE temps fort de la campagne sarkozyste. Alors que les sondages le donnent toujours perdant face à François Hollande au second tour, Nicolas Sarkozy a voulu prouver qu’il était tout entier dévoué à sa tâche. « J’ai appris, j’ai compris », a-t-il répété.
« Je vous demande de me croire : j’ai tout donné à la France pendant cinq ans », a assuré le chef de l’Etat, applaudi par ses partisans. « Pendant cinq ans, j’ai fait de mon mieux pour protéger les Français de toutes ces crises, pour que la France en sorte plus forte, j’y ai mis toutes mes forces. Je me suis engagé comme jamais je ne l’avais fait avant dans ma vie », a-t-il poursuivi. Avant d’enchaîner : « j’ai tiré les leçons des réussites et des échecs », et d’affirmer qu’il n’avait « rien perdu » de sa « foi en l’avenir« . Une manière de décliner le thème du « J’ai changé », qui rythme sa campagne depuis sa déclaration de candidature, le 15 février. « Aidez-moi, nous avons deux mois ! » a-t-il finalement lancé à la foule.
Les propositions : protéger les frontières européennes
- Réviser les accords de Schengen : Nicolas Sarkozy a menacé de suspendre la participation de la France si un « gouvernement politique de Schengen » n’était pas mis en place dans l’année à venir. Selon lui, les accords de Schengen sur la libre-circulation « ne permettent plus de répondre à la gravité de la situation ». « Dans la situation économique et sociale qui est la nôtre, si l’Europe ne maîtrise pas les entrées sur son territoire, elle ne pourra plus accueillir dignement ceux qui arrivent, elle ne pourra plus répondre à la demande d’intégration de ceux qui ont tant de mal à trouver leur place dans la société, elle ne pourra plus financer sa protection sociale », a-t-il mis en garde, dans un discours résolument placé à la droite de la droite. Reprenant une des propositions-phares du programme de l’UMP, le chef de l’Etat veut pouvoir « sanctionner, suspendre ou exclure de Schengen un Etat défaillant ».
- Un « Buy European Act » : Sur le modèle américain, Nicolas Sarkozy veut instaurer une réglementation pour que les entreprises qui produisent en Europe bénéficient de l’argent public européen. « Le libre-échange, oui ! La concurrence déloyale non ! », a-t-il proclamé sous les applaudissements. Le candidat a promis de « s’engager totalement dans ce combat ». Là encore, si aucun accors n’était trouvé « dans les douze mois qui viennent », la France « appliquera unilatéralement cette règle jusqu’à ce que les négociations aboutissent », a-t-il prévenu.
- La rénovation des quartiers : Sur ce point, Nicolas Sarkozy s’est contenté de dire qu’il annoncerai « dans les toutes prochaines semaines » la deuxième étape de la rénovation des banlieues. Le candidat de l’UMP en a profité pour accuser la gauche d’avoir « abandonné les quartiers » et d’avoir « voulu la paupérisation et le communautarisme dans ces quartiers », lorsqu’elle était au pouvoir.
Réactions limitées sur Tweeter
Sur le réseau social Tweeter, habituellement abreuvé de réactions, les alliés et adversaires de Nicolas Sarkozy sont restés relativement discrets. « C’est un discours courageux et rassembleur de Nicolas Sarkozy à la hauteur des enjeux », a posté Christine Boutin, juste après le discours. La président du Parti chrétien-démocrate, qui s’est ralliée à Nicolas Sarkozy en février, a pu s’exprimer à la tribune, tout comme Frédéric Nihous (CPNT).
Quant à Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole du candidat, elle a noté une « grande ferveur à Villepinte avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy. De la joie, de l’énergie, de l’espoir. C’est un moment unique ».
A gauche, l’ancien candidat à la primaire socialiste Arnaud Montebourg a raillé un discours de « novice ». « Le Président découvre le protectionnisme des autres puissances mondiales. Dommage pour les 750 000 emplois industriels perdus en 10 ans », a-t-il ironisé. Et d’insister : « Nicolas Sarkozy a prononcé un discours de candidat novice, comme s’il n’avait pas dirigé le pays depuis 5 ans… »
Azouz Bégag, soutien de Dominique de Villepin, a pour sa part dénoncé un « cirque médiatique autour d’un homme qui a exploité leur appétence à la connivence pour le mettre à son service personnel ». Il se dit « estomaqué par la démonstration pouvoir/argent de Villepinte par un candidat bling bling qui veut faire « peuple ».