22 mar 2012
Chloé Bossard

Toulouse, le tournant sécuritaire de la campagne

Irréprochable, digne, ferme. Les commentateurs sont unanimes, Nicolas Sarkozy a géré la crise toulousaine du mieux possible. Son éloge funèbre aux obsèques des trois militaires tués à Montauban, puis la traque de l’assassin Mohamed Mehra, sa mise en garde contre les amalgames entre religion et extrémisme, et enfin ses mesures contre l’embrigadement idéologique auront certainement séduit quelques électeurs indécis. Le dernier sondage BVA, réalisé hier et aujourd’hui, l’annonce en progression de deux points, à 28% d’intentions de vote au premier tour.

Il faut dire que le président-candidat était dans son élément. Depuis son accession au ministère de l’Intérieur en 2002, Nicolas Sarkozy a fait de la sécurité son cheval de bataille. Dès 1993, alors ministre du budget, il était aux côtés du Raid lors de la prise d’otage de Human bomb à l’école de Neuilly, dont il était maire. Suivront plusieurs coups d’éclat, dont l’arrestation du berger corse Yvan Colonna en juillet 2003.

Le président, naturellement sur le devant de la scène pendant ces trois jours intenses, a pu faire vivre sa campagne officieusement. Derrière, les autres candidats étaient à la peine, obligés d’apparaître, de se recueillir, mais interdits de prendre la parole sous peine d’être taxés de récupération politique.

Marine Le Pen été la première à sortir du rang, en assurant que le suspect se « considérait comme musulman avant d’être Français ». Ce matin, elle a affirmé que l’Etat avait trop attendu pour donner l’assaut par crainte de représailles dans « certains quartiers ». « Comme d’habitude Mme Le Pen montre son manque total du sens du bien commun et de la décence », a répondu Jean-Luc Mélenchon, « d’abord on doit dire le respect aux policiers et après on va regarder. Peut être qu’il y a des failles ».

Un peu plus tôt, François Hollande avait déjà subi une vague de critiques de la part de l’UMP, après avoir fait part de son « soulagement » devant le dénouement imminent de l’affaire. Il avait parlé d’une « angoisse qui est insupportable ». Valérie Rosso-Debord, déléguée générale adjointe de l’UMP, avait alors dénoncé une instrumentalisation pour « un petit profit politicien ».

Le candidat socialiste a redressé la barre cet après-midi à Aurillac lors d’un meeting consacré à la sécurité. « La lutte contre le terrorisme n’est pas terminée. Cet engagement doit et devra être total », a-t-il déclaré. Le favori des sondages a notamment promis d’instaurer une police de proximité dans les zones rurales et de doubler de nombre de centres éducatifs fermés pour les mineurs.

« Il faut soutenir les forces spécialisées de la police et du renseignement qui ont mené à son terme cette opération et refuser toute polémique sur ce sujet », a pour sa part déclaré François Bayrou, candidat du MoDem, après la mort de Mohamed Mehra.

 

Quant à Eva Joly, au plus bas dans les sondages, elle a dénoncé une violation du code de procédure pénale. « Qu’a fait le ministre sur place en commentant en permanence, heure par  heure, ce qui se passait ? Il a créé de la confusion. Quel est son rôle ? Ce  n’est pas lui qui dirige les opérations ! », s’est exclamée l’ancienne juge d’instruction sur Radio Orient. Au cas où certains en douteraient encore, la campagne a bel et bien repris son cours.

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