27 mar 2012
Chloé Bossard

Le chômage, plus fort que Mohamed Merah

Les répercussions politiques de l’affaire Merah auront duré… une semaine. Alors que certains analystes prévoyaient déjà un revirement de la campagne, les propositions sécuritaires de Nicolas Sarkozy et les sorties protectionnistes de Marine Le Pen ne semblent pas changer la donne électorale. Un sondage Ipsos-Logica réalisé les 23 et 24 mars montre une relative stabilité des intentions de vote au premier tour. François Hollande baisse d’un demi-point à 28%, et le score de Nicolas Sarkozy reste le même, à 27,5%.

Plus probant, l’insécurité n’arrive qu’en huitième position parmi les préoccupations des Français, selon une enquête BVA parue ce matin dans Le Parisien/Aujourd’hui en France. Elle pèsera dans le vote de seulement 8% des électeurs. A l’inverse, le pouvoir d’achat (42%), et le chômage (30%) sont les deux thèmes qui pèseront le plus, suivis de la précarité, la croissance, la dette publique, l’école et les impôts. Des préoccupations de nature économique, qui n’ont pas évolué depuis le début de la campagne.

Cette enquête ne fait pas l’affaire du président sortant. Les chiffres du chômage pour le mois de février, publiés hier, ne sont pas bons. Le ministère du Travail a dénombré 2,867 millions de demandeurs d’emploi sans aucune activité (+6,2% sur un an), un niveau inégalé depuis douze ans. Sur la durée du quinquennat, l’augmentation avoisine 35%, avec 730.300 demandeurs d’emploi sans activité de plus. Lors de sa campagne en 2007, le président avait annoncé « le plein emploi » pour la fin de son mandat.

 

Ces chiffres marquent « une amélioration de la situation avec une baisse tendancielle de l’augmentation du nombre de chômeurs », avait pourtant annoncé dès lundi matin Nicolas Sarkozy. En effet, le nombre de chômeurs sans aucune activité n’a augmenté que de 0,2% en février. Mais le nombre de chômeurs exerçant une activité réduite a lui connu une forte hausse (2,4%), signe d’une précarisation de l’emploi.

Toute la journée, les différents candidats ont fustigé la politique de l’emploi menée par le président sortant. « Ce n’est pas une baisse tendancielle du foutage de gueule en tout cas. Parce que des expressions comme cela, je ne comprends pas ce que cela veut dire. La question qui se pose, c’est de savoir est-ce qu’il y a plus ou moins de chômeurs ? », a fustigé Olivier Besancenot, porte-parole de Philippe Poutou. Nathalie Arthaud a elle estimé que le « fléau » du chômage est « l’échec » de Nicolas Sarkozy. La candidate de Lutte ouvrière n’est en outre « pas sûre » que la gauche aurait fait mieux. Et elle a insisté sur la nécessité d' »interdire les licenciements ».

« Dois-je rappeler que le candidat de 2007 avait dit que si le chômage n’était pas à 5 % il considérerait que ce serait un échec ? Donc, c’est un double échec puisque le taux de chômage est à 10% », a déclaré François Hollande en marge d’une visite à Calais. Pour son directeur de campagne Pierre Moscovici, c’est également « un aveu terrible d’échec » pour Nicolas Sarkozy. Il a attaqué le président candidat sur son bilan en matière de lutte contre le chômage. Le député socialiste du Doubs chiffre à un million le nombre de demandeurs d’emplois supplémentaires depuis cinq ans. 

 

Il n’y a « pas besoin de faire beaucoup de choses » pour faire mieux que Sarkozy en matière de lutte contre le chômage, a pour sa part déclaré Martine Aubry. La veille déjà, au moment de l’annonce d’une nouvelle hausse du nombre de demandeurs d’emploi en février, la première secrétaire du Parti socialiste, avait déclaré, à Bruxelles, que le quinquennat du président sortant avait été « un fiasco sur le plan de l’emploi ».

Dans un communiqué, Eva Joly a demandé à Nicolas Sarkozy d’assumer « son bilan et les choix qu’il a toujours effectués en faveur des plus aisés ». Pour elle, les chiffres du chômage sont « indécents », le « symbole d’une gestion calamiteuse ».

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