Sexe et politique : les électeurs mis à nus
Forcément, quand on découvre que Hot Vidéo publie un sondage exclusif sur la présidentielle, la première question qu’on se pose, comme journaliste, c’est de savoir si le magazine passera en note de frais, et s’il est judicieux d’ouvrir le site internet de cette publication au milieu d’un open space… Et puis en cherchant un peu, on trouve les résultats de ce sondage Ifop sur le site de l’institut de sondage. Où l’on est conforté dans quelques préjugés, et surpris par certains résultats. Avant de constater que, malgré les clivages politiques révélés par cette étude, il y a peu de chance que la satisfaction sexuelle deviennent un thème de campagne….
Pas content au lit, pas content dans la vie
Parmi les principaux enseignements de ce sondage : il existerait un lien entre frustration sexuelle et vote contestataire. Et même, une tendance à aller vers les grandes gueules – Ifop dit « tribun ». Donc chez les frustrés, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen ont le vent en poupe (avec respectivement 35% et 31% d’intention de vote). L’Ifop précise que dans l’électorat de ces partis contestataires, « les personnes les plus insatisfaites sur le plan sexuel, à savoir les hommes, les quadras et les quinquagénaires et, sociologiquement, les inactifs, les ouvriers et les travailleurs indépendants, sont surreprésentées ». Donc, ce n’est pas parce qu’on est insastisfait au lit que l’on est attiré par Marine. Ou Mélenchon. Ni l’inverse. Aussi, il apparait que 63% des non-inscrits sur les listes électorales se déclarent satisfait de leur vie sexuelle, contre 71% chez les inscrits. Peut-on dire alors qu’aller voter peut être source de jouissance ?
A droite, on pratique moins…
Autre trait saillant de cette étude : les électeurs de droite modérée (Ump et Modem) ont une vie sexuelle… modérée – par rapport au reste de la population. Ils ont en moyenne moins de partenaires durant leur vie (7, contre 9 chez les sympathisants de gauche et 10… à l’extrême droite) et, en couple, ils ont des rapports moins fréquents : 6,7 par mois en moyenne chez les électeurs de Nicolas Sarkozy; 5,9 chez ceux de Bayrou, contre plus de 7,5 à gauche. Là encore l’extrême droite se distingue avec une moyenne dépassant les 8 rapports mensuels.
Cette « modération » des électeurs de droite s’explique, selon l’Ifop, par le profil des électeurs de l’Ump et du Modem : plus diplômés et plus aisés, plus âgés, plus traditionnels, ils vivent généralement dans un « cadre conjugal classique ». Là encore, selon l’Ifop, il y a une question de génération. Mai 68 serait passé par là, laissant sur le carreau les (vieux ?) électeurs de droite.
Les gauchistes plus… fantasques
Sans rentrer dans les détails – on laisse ça à Hot Vidéo (c’est aussi disponible sur le site de l’Ifop) – le troisième enseignement du sondage est que « le répertoire des pratiques sexuelles est plus large et diversifié chez les Français exprimant un positionnement radical ou progressistes sur le plan politique« . Ainsi, les sympathisants de gauche et d’extrême gauche sont plus ouverts aux variantes que leurs alters egos de droite. La question à laquelle le sondage ne répond pas est : pour la drague, vaut-il mieux aller à une réunion des jeunes socialistes qu’à un meeting Ump ?
La morale de ce sondage ? La seule, c’est que ces différents rapports aux moeurs sexuels sont principalement le reflet du profil sociologique des électeurs (âge, classe sociale, éducation etc.). Pour le reste, mieux vaut laisser aux équipes de campagne la soin de tirer les leçons de cette étude.