A Tours et Blois, François Hollande se veut « sérieusement de gauche »
Que retenir du passage de François Hollande dans la vallée des rois ? Une phrase surtout. Mais pas une petite phrase de campagne comme une autre. Une phrase qui annonce sûrement les suites de la campagne du candidat socialiste.
« Mais je sais bien le scepticisme, l’inquiétude, la résignation, le fatalisme. Moi, je suis sérieusement de gauche, mais je suis pour une Gauche sérieuse, celle qui ne décevra pas, celle qui ne déviera pas, qui ne se détournera pas de ses engagements. »
A partir de cette phrase, qu’il a répété quasiment mot à mot à Tours puis à Blois, François Hollande peut construire tout son cheminement de campagne. Certes, il a rappelé que le but ultime de son programme était de voir revenir le « rêve français » celui qui doit permettre à la France de « retrouver le chemin du progrès », de se relever comme elle l’a fait « après toutes les crises » et de permettre à ce que les générations futures puissent rêver d’une meilleure vie que leurs parents… mais il montre qu’il le fera avec beaucoup de pragmatisme aussi. Même s’il désire parier, comme il l’a rappelé, sur la jeunesse et l’école de la République qu’il entend « sanctuariser ».
Pour le reste, les deux discours, à 90 % les mêmes dans leur teneur (moins sur la forme), ont été très dans la ligne de conduite du candidat socialiste : rassembleur. Raillant un « candidat sortant » qui tarde à dévoiler son programme complet parce que son « programme c’est son bilan » et qu’il cherche à tout prix à le cacher, il a expliqué que ses 60 propositions dévoilées en janvier permettraient aux Français de le juger. Le candidat « sérieux » de la gauche veut en finir avec les promesses qu’il juge non tenues par le Président sortant.
« Et voilà que le candidat sortant a trouvé la réponse. Lui, il veut faire des référendums. Il n’en a pas fait depuis cinq ans, mais ça lui a pris ! Une espèce de repentance l’aurait saisie : il aime le peuple, maintenant ! Il l’a maltraité, mais il l’a découvert. Il ne l’avait pas spécialement invité pour fêter son élection, mais là il en a besoin parce qu’il y a une élection. Je constate qu’il a reçu l’appui — et il lui est sans doute précieux — de la Présidente du Medef, qui a dit tout le bien qu’elle pensait de sa politique. C’est un signe ! Cela devrait éclairer bon nombre de nos concitoyens… »
Quant à la percée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages, il y répond en avançant à la fois le spectre du vote utile (le souvenir du 21 avril 2012) et les risques de dispersion.
« L’espoir de la Droite, qui utilise tellement de peurs qu’elle peut avoir parfois, elle aussi, droit de rêver à son succès et de le préparer, quel est-il ? C’est que la Gauche se disperse, la Droite s’étant unie derrière une seule candidature et, ainsi, que le premier tour puisse être moins difficile que prévu. Et ensuite, nous dire que tout serait de nouveau possible. J’ai même entendu le candidat sortant faire des compliments sur le candidat du Front de Gauche ! Il l’a trouvé très bien ! Jean-Luc Mélenchon n’y est pour rien. Il n’est pas responsable. Mais alors Nicolas Sarkozy, s’il avait à voter, c’était pour le candidat du Front de Gauche ! Il a trouvé très bien ses propositions. Il a trouvé qu’il faisait une bonne campagne, qu’il avait du dynamisme. Moi j’ai tout compris, parce qu’il n’est pas difficile à déchiffrer, Nicolas Sarkozy ! »
Enfin, il a évoqué son désir de défendre le pouvoir d’achat des Français en créant une sorte de bouclier sur les prix des essentiels que sont l’eau, le gaz ou l’essence. La veille, il avait dévoilé à la NR son plan santé.