16 avr 2012
mariellaesvant

A Vincennes, les militants socialistes ont la confiance tranquille

  Les marathoniens étaient de sortie hier à Paris. En shorts et baskets le matin, transpirant pour les 42,195 kilomètres, en costume, cravate et mocassins l’après-midi, suant pour lever les foules. Nathalie Arthaud au Zénith, Nicolas Sarkozy à la Concorde et François Hollande à Vincennes se sont lancé pour le sprint final, après plusieurs mois de campagne. Les deux derniers se sont toisés par meetings interposés, à 30 minutes de footing l’un de l’autre, affichant étrangement la même jauge de 100.000 participants chacun. A la louche.

Pour son grand « meeting de rassemblement », le parti socialiste avait sorti le grand jeu, sur un concept piqué au Front de gauche. Château (celui de Vincennes), scène de rock star, baraque à frite et concert. Près de 200 cars pour remplir l’esplanade, plus les fournées arrivant du métro. Ambiance kermesse ou fête de l’huma, si l’on veut voir en rouge. Bibelot et tee-shirts, fanfare et pinard. Pas inquiets les socialistes. Ils ont « pris l’air », comme dirait Mélenchon. Et pris le temps d’un déjeuner sur l’herbe.

 

« Mathématiquement », c’est dans la poche, affirme tranquillement une militante. Tellement sur d’eux, les tenants du changement, que leur candidat a cru bon de tempérer cette joyeuse assurance. Gare à l’abstention, aux « votes sans lendemain ». Ségolène Royal, qui a essuyé la dernière ratée présidentielle du PS, est passé lui prêter main forte sur le sujet : « Les invisibles deviennent visibles en allant voter ».

Ségolène Royal , venue au nom de l'union des socialiste et "de la gauche" a pris un rapide bain de foule.

Promettant d’aller « jusqu’au bout », François Hollande a juré d’aller « chercher tous les électeurs pour les sortir de leur isolement et de leur repli ». A son service, une armée de « mobilisateurs » lâchés dans les villes et les campagnes pour aller chercher les voix jusque dans les salons. « On a déjà fait 3 millions de portes », exagère ostensiblement Boris, « formateur de mobilisateur ». « On vise 5 millions d’ici dimanche ». Pour ça, ils circulent par petites grappes au milieu des badauds pour les envoyer toquer aux portes. « Il faut en parler autour de vous! ».

Le problème, c’est qu’à Vincennes, certains fêtent déjà la victoire. Sans fanfaronner. Quand on pose la question, ils répondent d’un sourire faussement énigmatique.

 « On ne lâche rien »

 Mais quand même, ils sont là. « On ne lâche rien ! », plaisante Eric, 42 ans, singeant le slogan cher à Mélenchon. Il l’a vu à la Bastille, comme beaucoup. « Écouter Mélenchon, ça fait du bien, mais je préfère le discours d’Hollande. Là au moins c’est clair, on sait il va », commente Marie-Françoise, 41 ans. « Il a bien recadré les choses sur la manière dont se comporte Sarkozy et sa clique », apprécie Alain, 52 ans. C’est que des « anti-Sarkozy », il y en avait beaucoup. Pas euphorique, juste pressé que ça change. Pour eux aussi, il y avait des tee-shirts, barré d’un « recase toi, pauv’président ».

Dans le parterre, des membres du fan club aussi, arrivés de partout. D’Avignon pour au moins 92 d’entre eux, venus « faire du bruit » pour assourdir la Concorde. De Paris centre pour au moins deux jeunes étudiants en phase d’initiation à la politique, qui ont trouvé Hollande « charismatique ». Les anciens sont moins catégoriques, ils acquiescent poliment mais préfèrent louer le « sérieux » de leur poulain. Ce qu’il attendent, ce n’est pas la victoire en chantant, mais la victoire tout court. « On a trop attendu. 10 ans déjà », compte pour eux « le candidat du changement ».

« On va gagner »

 Debout dans la tempête, le capitaine Hollande a levé les bras au ciel, haussé le ton, fustigé le « candidat sortant » – lapsus incantatoire ? Il s’est brisé la voix en menant la charge contre la finance, en appelant la jeunesse, en rayant les inégalités de l’avenir. Enivré de « hourras », de « Hollande président » et de « on va gagner », il a même profité d’une fenêtre météo pour plaisanter un peu. « Ça se réchauffe, remarque François Hollande. même en haut il nous écoute » Rions un peu, on est en famille…

Détendu, parfois souriant, il a refait le « rêve français ». Il « est prêt pour être le candidat du second tour », « prêt pour le changement ». Près de la victoire, prudent tout de même. Mais comme c’est le « rassemblement de l’envie de gagner », dixit l’inséparable Manuel Valls, il faut leur en « donner pour leur déplacement », aux militants. La plupart, ils sont repartis contents.

 

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