17 avr 2012
Chloé Bossard

La présidentielle, une manne pour les libraires

Il suffit de se rendre en librairie pour prendre la mesure du phénomène. La photo des candidats est sur toutes les couvertures, dans les rayons, sur les têtes de gondole. Biographies, essais, programmes, révélations… tout est bon pour décrypter, raconter ou analyser l’élection présidentielle.

Cette littérature éphémère n’est pas toujours à l’avantage des candidats. Le président sortant Nicolas Sarkozy a fait les frais de critiques acerbes depuis plusieurs mois. OFF, l’essai dans lequel deux journalistes de Marianne publient des déclarations cachées du président sortant, s’est vendu à 49 000 exemplaires en 2011. Un beau succès, complété par différents essais journalistiques sur « l’échec » de son quinquennat, ou encore des révélations sur les affaires dans lesquelles il aurait baigné. C’est le cas de Sarko m’a tuer, des journalistes du Monde Fabrice Lhomme et Gérard Davet, qui a fait couler beaucoup d’encre depuis l’automne. L’essai sans concession de Catherine Nay consacré à Sarkozy L’Impétueux fait également partie des livres politiques les plus vendus ces derniers mois.

Les biographies non-officielles des candidats, comme Mélenchon le plébéien, ou encore Eva Joly, L’indignée de la République, ont fleuri comme des coquelicots depuis leur désignation. D’autres, comme Plantu, connaissent le succès en publiant des dessins humoristiques inspirés de la campagne. Chacun son créneau pour faire recette.

Essais de politiques

Las que l’on écrive sur eux (ou pas, pour les petits), les politiques prennent aussi la plume pour étaler leurs idées sur papier. Le plus prolixe de tous, Jean-Luc Mélenchon, a créé la surprise aussi bien dans les sondages que sur les étals des libraires. Son best-sellers Qu’ils s’en aillent tous ! s’est octroyé la quatrième place des ventes d’essais politiques en 2011, avec 7 7750 exemplaires. François Hollande (Changer de destin) ne peut en dire autant.

François Bayrou, dont le livre 2012, l’Etat d’urgence s’est vendu à 16000 exemplaires en 2011, tire son épingle du jeu, même si ce succès ne sera pas forcément reflété dans les urnes. L’Euro, les banquiers, la mondialisation – L’arnaque du siècle de Nicolas Dupont-Aignan a également créé la surprise avec 7800 ventes l’an dernier. Marine Le Pen en revanche n’attire pas les lecteurs, son essai Pour que vive la France étant resté au ras des pâquerettes. Quant à Nicolas Sarkozy, il est le seul à ne pas avoir publié de livre durant cette campagne. Il avait bien un projet, qu’il finalement abandonné, trouvant la date de parution trop tardive.

« Nous avions cinq cents références disponibles, nous en avons mis de côté pas mal pour n’en garder qu’environ cent cinquante. C’est beaucoup. C’est comme ça à chaque élection présidentielle« , indiquait Joël Afkine, de La Boîte à Livres à Tours, dans les colonnes de La Nouvelle République cette semaine. Mais selon lui, on est très loin des ventes astronomiques que réalisaient en leur temps des François Mitterrand ou Jacques Chirac.

Les enfants aussi

Les tout-petits ne sont pas en reste dans cette course à l’édition. Puisque les enfants sentent que quelque chose se trame dans le monde des grands, une sélection de livres est destinée à leur répondre… de manière plus claire que leurs parents. Qui est le président de la République ? A quoi sert-il ? Qu’est-ce qu’une élection ? Pourquoi en parlons-nous autant ? Qu’est-ce que la droite et la gauche ? Une manière d’évéiller les futurs électeurs à leur conscience de citoyens.

 

Les libraires eux aussi ont des choses à dire aux candidats

Puisque les libraires participent à la visibilité des candidats, il semble logique qu’ils attendent des faveurs en retour. Le syndicat du livre français a donc lancé un appel aux prétendants à la fonction suprême pour protéger les librairies en difficulté. « Le livre doit bénéficier d’un taux super réduit de TVA, comme la presse, car il est un bien de première nécessité », a notamment réclamé Guillaume Husson, délégué général du SLF. François Hollande s’est déjà déclaré pour un retour à une TVA à 5,5% pour le livre et la culture.

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