La vache et les (aspirants) présidents
« Ce n’est pas en tapant sur le cul des vaches qu’on défend l’agriculture ». José Bové a sûrement raison. Mais pour moissonner les voix, ça peut être payant. Pour préparer leur défilé – Sarkozy samedi, Bayrou, dimanche, François Hollande mardi, Jean-Luc Mélenchon mercredi, Eva Joly jeudi et Marine Le Pen vendredi – les candidats polissent leurs bottes. Et font pain sec. Parce que dans la plus grande ferme de France, il ne suffit pas de carresser les bovins. Il faut aussi flatter les éleveurs. Et goûter quelques dizaines de spécialités. En la matière, Jacques Chirac était une bête de concours (sans mauvais jeu de mot). Cette année, il déclare forfait pour « raisons personnelles ». Mais même en l’absence du « chouchou », ces 8% de l’électorat est toujours acquis à la droite, selon une étude du Cevipof. Et penche de plus en plus vers l’extrême.
Quand l’Express interroge les candidats sur leur patrimoine…
L’hebdomaire l’Express a interrogé tous les candidats à la présidentielle sur leur patrimoine. Le Conseil constitutionnel rappelle que « Tous les candidats sont astreints au dépôt d’une déclaration patrimoniale adressée au Conseil constitutionnel, à peine de nullité de la candidature. » En plus de l’obtention et le dépôt de 500 parrainages.
Mais, au final, le Conseil constitutionnel ne publie que la déclaration du président de la République en fin de mandat et celle du candidat élu (comme ici, celle de Nicolas Sarkozy en 2007). Pour l’exercice actuel, la déclaration doit être faite entre le 15 mars et le 15 avril 2012. Le Conseil constitutionnel devant la publier sous huit jours. Après l’élection, les autres déclarations sont rendues aux candidats.
Rétrospective des chansons de campagne
Cette année, les candidats font dans le soft : de l’instrumental, peu de paroles, peu d’idéalisme. Mais les musiques de campagne de leurs précédesseurs à la course présidentielle n’ont pas toujours observé la même retenue.
Elément essentiel de l’attirail communicationnel, la chanson doit marquer l’identité du candidat, au même titre que le slogan, l’affiche, le clip de campagne et le geste de ralliement (poing levé pour Jean-Luc Mélenchon, signe « égal » pour François Hollande). Le secret ? Un air entêtant et des paroles simples. Les électeurs doivent retenir le message.
Depuis quelques semaines, les médias ont déterré l’hymne choisi par Jacques Chirac en 1981, forcément kitsch vu du XIXe siècle. « La France a besoin d’un homme de courage, de résolution. Votons Jacques Chirac, en avant toute la nation », chantent des voix féminines sur un air joué au synthétiseur. Le morceau réalise un beau coup d’éclat, puisqu’il est resté dans bien des esprits trente ans après. A l’issue du premier tour, le candidat du RPR se classe d’ailleurs troisième avec 18% des voix.
Egalité homme-femme : ce que proposent les partis
Premières à l’école, les femmes sont aussi au dessus de la moyenne sur le taux de pauvreté, l’emploi à temps partiel, le nombre d’allocataires du RSA, les tâches ménagères… et toujours en dessous pour les salaires, la représentation politique et médiatique, les postes à responsabilité… Ce constat d’inégalités, qui persiste année après année, commence à se faire une place en politique. Une poignée de candidats a répondu aux appels répétés des associations féministes et de personnalités engagées pour les droits de femmes. Mais dans leurs programmes, la plupart des candidats se contentent d’une déclaration d’intention.
A deux mois du scrutin, vu les programmes présentés, Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon sont à la pointe, François Bayrou, Corinne Lepage et François Hollande l’évoquent, l’Ump n’en parle pas et Marine Le Pen mise tout sur la politique familiale…
Quid du temps de parole ?
Le temps de parole est un sujet de litige lors de chaque élection. Règles trop complexe pour les médias, pas assez d’égalité pour les candidats… le Conseil supérieur de l’audiovisuel, qui effectue les contrôles, a cette année encore du fil à retordre.
Lundi, les dirigeants de neuf chaînes de télévision et de radio (RTL, France Inter, France Bleu, France Info, France Culture, Europe 1, RMC, BFM Business et BFM TV) ont réclamé un assouplissement des règles de stricte égalité du temps de parole à Jean-Louis Debré, président du Conseil Constitutionnel. « Cette situation n’existe pas chez nos grands partenaires européens qui ne sont pas moins démocratiques que la France, pas plus qu’elle ne concerne ni la presse, ni Internet, pourtant des vecteurs tout aussi importants d’information que l’audiovisuel », écrivent les patrons dans une lettre.
En face, les petits candidats se plaignent de ne pas être suffisamment représentés, au profit de François Hollande et Nicolas Sarkozy qui monopolisent écrans et bande FM. Mercredi, un conseiller de Jean-Luc Mélenchon a directement écrit à Christine Kelly, présidente du groupe de travail sur le pluralisme et la campagne électorale au CSA. « C’est simple : on a souvent l’impression à l’écoute de nos médias audio-visuels que l’élection présidentielle ne comporte qu’un tour, le 2ème, dont par ailleurs ils ont déjà fixé le casting », écrit-il. « Si le 19 mars, soit dans seulement 40 jours, la répartition des temps de parole n’a pas nettement évolué on pourra, sans craindre l’exagération, dire que la campagne aura été faussée« . Face à cette situation, le Front de Gauche demande au CSA « d’intervenir sans tarder ».
Ecologie : ce que proposent les partis
Thème majeur de la campagne de 2007, l’écologie semble sortir peu à peu des radars. Les deux candidates vertes, Eva Joly et Corinne Lepage, frôlent le 0% d’intentions de vote. Les autres candidats ne prennent plus la peine d’en parler, même si quelques mentions subsistent dans leur programme. Malgré le tour de force de l’association France nature environnement, qui a fait monter sept candidats à la tribune pour parler environnement le 28 janvier dernier, l’écologie risque donc d’être la grande absente de la campagne 2012.
La faute à la crise, disent les experts es politique. En effet, comment parler environnement ou décroissance quand le chômage et la dette explosent ? En France, « il y a l’idée que l’écologie c’est un peu un luxe qui coûte cher » analyse Daniel Boy spécialiste des verts au centre d’études politiques Cevipof. Difficile, alors, de « réussir à convaincre que la croissance verte va rapporter des emplois ». Ceux qui se risquent à faire de l’écologie une politique sont, au mieux, inaudibles. Restent quelques propositions plutôt consensuelles sur la sobriété énergétique ou le verdissement de l’agriculture (en termes souvent très vagues) et une politique énergétique en suspens. Lire la suite »
Les candidats à l’assaut de l’Outre-mer
Les images de l’arrivée chaotique de Marine Le Pen à l’aéroport de Saint-Denis de la Réunion ont tourné en boucle sur les télévisions aujourd’hui. Huées, banderoles hostiles, Marseillaise en créole et même jets d’eau attendaient la candidate du Front national dès sa descente d’avion, malgré un important cordon policier. La plupart des manifestants se réclamaient du Mouvement des jeunes socialistes et du Front de Gauche.
La scène rappelle l’arrivée de Jean-Marie Le Pen, son père, en Martinique, en 1987. Il avait alors été empêché d’atterrir à Fort-de-France. En 2001, lors d’un deuxième essai, des militants et associations anti-racistes avaient contraint l’ancien président du FN à reporter son voyage à la Réunion. Si bien qu’il n’a jamais pu faire campagne aux Antilles.
Programme : Hollande se pose en présidentiable crédible
François Hollande s’est appliqué jeudi à asseoir sa crédibilité de présidentiable. A la maison des Métallos, haut lieu du syndicalisme parisien, il a dévoilé ses « 60 engagements pour la France » (lire ci-dessous). A chaque mesure son chiffrage précis. Le candidat a détaillé un programme financé par 49 milliards d’euros de recettes supplémentaires à l’horizon 2017. 29 milliards seront affectées au désendettement de la France, 20 à ses priorités présidentielles. Parmi elles : le « pacte productif » pour l’industrie et les PME, 500.000 contrats de génération visant à favoriser l’emploi des jeunes et des seniors en entreprise, 150.000 emplois d’avenir, les 60.000 postes sur cinq ans dans l’Education.
Les 29 milliards d’euros consacrés au désendettement passeront par une grande réforme fiscale : hausse de l’impôt sur le revenu pour les plus aisés, limitation des niches, annulation de l’allègement de la réforme de l’ISF, etc. Les entreprises seront également mises à contribution à hauteur de 17,3 milliards les entreprises, grâce notamment à la suppression des niches, la modulation de l’impôt sur les sociétés, la mise à contribution de la finance.
La guerre des Premières dames
D’un côté, Carla Bruni Sarkozy, 44 ans, « top model devenue chanteuse devenue actrice devenue maman ». De l’autre Calérie Trierveiler, 46 ans, ex-journaliste à Paris Match. A droite, « l’épouse », revenant tout juste « d’une visite officielle triomphante à Londres », à gauche la « petite copine », « première dame en devenir ». Le temps des épouses effacées n’apparaissant qu’au soir de l’élection semble révolu.
Le service après vente du discours du Bourget
Certains parlent de « meeting inoubliable », d’autres « d’enlisement ». Une chose est sûre : le discours du Bourget de François Hollande fait parler. Face à face, UMP et PS ont assuré le service après vente du candidat socialiste. A droite, une parodie du discours, à gauche, une « nuit de mobilisation web ». Entre les deux, une pluie de réactions.