François Hollande est officiellement président de la République
Le Conseil constitutionnel a proclamé le candidat socialiste François Hollande » Président de la République française » ce jeudi 10 mai. Soit 31 ans après le 10 mai 1981 lorsque le socialiste François Mitterrand (il avait receuilli 15.708.262 voix soit 51,76 % des suffrages).
Au final, pour le scrutin du second tour, l’Histoire retiendra 46.066.307 électeurs inscrits pour 37.016.309 votants. Le Conseil constitutionnel a retenu en suffrages exprimés 34.861.353 bulletins, fixé la majorité absolue à 17.430.677 voix. Ainsi, François Hollande a obtenu 18.000.668 voix (51,6 %) contre Nicolas Sarkozy 16.860.685 (48,4 %).
Nicolas Sarkozy, le président énergétique devenu président hyperactif face au candidat normal
Bruno Cautrès est chercheur CNRS et au Cevipof. Au lendemain du second tour de la présidentielle, il revient sur cette France de blocs, gauche et droite, et les différentes dimensions du vote. Il analyse aussi le quinquennat de Nicolas Sarkzoy, et résume les éléments qui l’ont amené à 48 %, dimanche. Il reprend aussi les éléments de la candidature » normale « de François Hollande. Ses recherches portent sur l’analyse des comportements et des attitudes politiques. Au cours des années récentes, il a participé à différentes recherches françaises ou européennes portant sur la participation politique, le vote et les élections.
> Le président devenu trop famillier avec la fonction.
Au départ les Français aiment beaucoup l’idée d’avoir un président jeune, énergique qui a un entrain incroyable et qui mène un train d’enfer. Et puis progressivement, le président énergétique est devenu le président hyperactif, un peu volatil. Les Français étaient contents de ne plus avoir un monarque républicain qui, comme Jacques Chirac, joue plus en fond de cour, ou François Mitterrand, façon sphinx… ils sont contents d’avoir un président qui est plus proche de fonctionner comme eux.
Mais le président plus proche est devenu le président devenu trop familier avec sa fonction. Tout cela ne lui a pas permis de se présenter en 2012 dans de bonnes conditions. Il réalise en quelque sorte d’un exploit d’être à 48 % et il le doit à sa campagne tonitruante, notamment entre les deux tours, et le fait qu’il ait pris comme stratégie d’aller sur les plates bandes des thèmes du Front National et de reprendre une partie de leurs préoccupations.
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Le débat d’entre-deux-tours, une tradition venue d’outre-Atlantique
Le désormais traditionnel débat d’entre-deux tours est devenu au fil du temps un passage obligé pour les deux finalistes, et un moment qui rassemble des millions d’électeurs devant leur poste de télévision. En somme, un moment presque institutionnalisé de la République.
Septembre 1960. Richard Nixon et John Fitzgerald Kennedy inaugurent le débat télévisé, lors de la présidentielle américaine. C’est la première fois que les électeurs ont l’opportunité de comparer en direct les programmes et idées qui leur sont proposées. Les règles sont alors strictes et courtoises. Les deux candidats prennent en effet la parole tour à tour, sans jamais s’interrompre : chacun se lève rejoindre une tribune avant de s’exprimer. Ce soir là, le président sortant, blessé au genou, fait pâle figure face au jeune et fringuant Kennedy. De l’avis des spécialistes, ce débat s’avère décisif.
« Aujourd’hui le liant de la gauche, c’est l’anti-sarkozysme »
Malgré un score exceptionnel du parti socialiste, et de la gauche en général, au premier tour du scrutin présidentiel, le politologue Rémi Lefebvre, spécialiste du PS, professeur à l’université de Lille 2, fait le constat qu’il «n’y a pas de progression des idées de gauche». «Même si François Hollande est élu, il y a un phénomène de droitisation de la société incontestable, estime-t-il. Cette élection risque d’être une élection en trompe l’oeil parce que les idées de droite ne sont absolument pas défaites». Le résultat, selon lui, de l’abandon par le candidat socialiste du discours de transformation sociale pour un discours «défensif, inscrit dans un contexte économique difficile». Interview.
Quand « The Artist » inspire les candidats
Ils voudraient tous remporter la victoire, alors cinq Oscars, ça les fait rêver. Après le triomphe de « The Artist » à Los Angeles, les acteurs de la campagne présidentielle ont à leur tour pris le micro, et tenté d’appliquer le succès à leur sauce. Toutes les comparaisons étaient permises.
Pour Nicolas Sarkozy, le triomphe d’un film français aux Oscars est la preuve que la loi Hadopi était légitime. Le président-candidat a déclaré ce matin : « Ca doit nous renforcer dans l’idée de défendre la création, de défendre les réalisateurs. (…) Les films on doit les payer, on ne peut pas les pirater, c’est tout ce qu’on a voulu avec la loi Hadopi, et je pense que ça préserve la création ».
Un doigt de vantardise sur un soupçon de chauvinisme. « Pour la France aux Etats-Unis c’est merveilleux. Pas seulement qu’ils voient le film mais aussi qu’ils écoutent nos musiques, nos chansons. Il y a des tas de choses formidables en France, il faut leur dire », a-t-il conclu.
Rétrospective des chansons de campagne
Cette année, les candidats font dans le soft : de l’instrumental, peu de paroles, peu d’idéalisme. Mais les musiques de campagne de leurs précédesseurs à la course présidentielle n’ont pas toujours observé la même retenue.
Elément essentiel de l’attirail communicationnel, la chanson doit marquer l’identité du candidat, au même titre que le slogan, l’affiche, le clip de campagne et le geste de ralliement (poing levé pour Jean-Luc Mélenchon, signe « égal » pour François Hollande). Le secret ? Un air entêtant et des paroles simples. Les électeurs doivent retenir le message.
Depuis quelques semaines, les médias ont déterré l’hymne choisi par Jacques Chirac en 1981, forcément kitsch vu du XIXe siècle. « La France a besoin d’un homme de courage, de résolution. Votons Jacques Chirac, en avant toute la nation », chantent des voix féminines sur un air joué au synthétiseur. Le morceau réalise un beau coup d’éclat, puisqu’il est resté dans bien des esprits trente ans après. A l’issue du premier tour, le candidat du RPR se classe d’ailleurs troisième avec 18% des voix.
Les candidats à l’assaut de l’Outre-mer
Les images de l’arrivée chaotique de Marine Le Pen à l’aéroport de Saint-Denis de la Réunion ont tourné en boucle sur les télévisions aujourd’hui. Huées, banderoles hostiles, Marseillaise en créole et même jets d’eau attendaient la candidate du Front national dès sa descente d’avion, malgré un important cordon policier. La plupart des manifestants se réclamaient du Mouvement des jeunes socialistes et du Front de Gauche.
La scène rappelle l’arrivée de Jean-Marie Le Pen, son père, en Martinique, en 1987. Il avait alors été empêché d’atterrir à Fort-de-France. En 2001, lors d’un deuxième essai, des militants et associations anti-racistes avaient contraint l’ancien président du FN à reporter son voyage à la Réunion. Si bien qu’il n’a jamais pu faire campagne aux Antilles.
Une première biographie du plébéien Mélenchon
De Jean-Luc Mélenchon, on connait le caractère sanguin, l’attachement aux valeurs de la gauche radicale, et les discours incarnés. Son idéologie et son parcours politique, eux, restent méconnus. Pourtant, à 60 ans, l’homme a derrière lui une carrière bien remplie. De ses premières années de militant trotskyste à sa course pour la présidentielle, les journalistes Lilian Alemagna (Libération) et Stéphane Alliès (Médiapart), déroulent cette ascension en 371 pages, dans « Mélenchon le plébéien ». Une première biographie de celui qu’ils voient comme « l’éventuel troisième homme de la présidentielle ».
« Mélenchon n’est pas un populiste, c’est un plébéien », avancent les auteurs en préambule. Durant ses quarante années de politique, il n’a pas dévié de son crédo : redonner de la voix au peuple, contre l’oligarchie dirigeante. Une philosophie cristallisée durant son enfance. Né à Tanger (Maroc) en 1951, le jeune Mélenchon et sa famille en sont chassés en 1962, après l’indépendance de l’Algérie et les accords d’Evian.
Direction la Normandie qu’il déteste. « Cette rupture soudaine et contrainte va compter dans les choix radicaux » qu’il fera ensuite. A quatorze ans, son amoureuse lui offre par hasard une « Histoire de la Révolution française » d’Adolfe Thiers. Deuxième déclic. « Ca a cristallisé ma détestation de ceux qui ont toujours été là, qui ont des droits sur tout », confie-t-il aux deux journalistes. C’est à peu près tout ce qu’on saura de sa vie privée. A peine le livre mentionne-t-il la naissance de sa fille, en 1974.
Les parrainages, le chemin de croix de Christine Boutin
Pré Saint-Martin, Bonneval, Marboué, Chateaudun...En quête de ses 327 parrainages manquants, Christine Boutin fait l’inventaire des petites communes de France. Avec une logique – puisqu’en politique il en faut toujours une – celle de l’un des chemins de Compostelle. Dans le petit matin glacial, l’accueil est, au mieux, cordial.
Des voeux pour 2012 codés ?
Exercice délicat pour un président en exercice, probable candidat à sa succession que de présenter ses voeux la veille d’une année d’élection présidentielle. Lors des deux dernières fois que le cas s’est présenté, Jacques Chirac et François Mitterrand ont adopté deux attitudes très différentes.
Pour le Corrézien, les dix minutes d’intervention historiques, le soir du 31 décembre 2001, veille d’entrée en vigueur de l’euro, ont été consacrées exclusivement à autre chose. Les thèmes de 2001 sont d’ailleurs assez proches de ceux d’aujourd’hui : Europe et espoir dans l’euro, cohésion nationale, diversité… mais aussi besoin d’une « aventure collective, d’un idéal, de rêve, de projet commun ».