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NOTAIRE

Yves Ravey signe avec « Un notaire peu ordinaire », son douzième roman paru aux Editions de Minuit. L’auteur, né à Besançon en 1953, également dramaturge, a pour habitude d’écrire des romans courts, de 90 à 140 pages maximum. La preuve encore avec celui-ci, qui s’étale sur 108 pages seulement.

L’histoire ? C’est celle de Martha Rebernak, racontée par son fils, lycéen et veilleur de nuit dans une station-service d’une petite ville du Jura. Martha Rebernak ne veut pas recevoir son cousin Freddy à sa sortie de prison. Cette mère courage, cette femme droite craint qu’il ne s’en prenne à sa fille Clémence, qui sort d’ailleurs avec Paul, le fils du notaire. C’est pourquoi elle décide d’en parler à Maître Montussaint, qui lui a déjà rendu bien des services.

 

Voilà pour la trame de ce roman dense et rondement mené, lu d’une traite, dans lequel il faut se jouer des apparences. Et des conventions sociales. En effet, entre Freddy, qui a purgé quinze ans de prison pour avoir agressé une fillette et le notaire, notable influent dans cette petite bourgade – c’est lui qui a trouvé à Martha son emploi de femme de ménage au collège à la mort de son mari, un ami de chasse – le fossé est profond, les différences si grandes.
Et pourtant. Un événement va tout remettre en cause. Jusqu’aux conventions sociales dans ce semblant de huis-clos …

Découvrez une vidéo de l’auteur, ici :

Extraits

Page 22 : « Freddy tombait des nues. Sa cousine qui exigeait de lui qu’il quitte la ville ! Qu’il ne remettre pas les pieds à la maison ! Alors qu’il était simplement venu faire une petite visite un soir. Il ne comprenait pas, mais alors pas du tout, il n’avait rien fait de mal depuis sa sortie. Mais elle n’en démordait pas. C’est pour cela qu’elle était venue, accompagnée par Dietrich, l’éducateur de justice. »

Pages 59-60 : « […] Mais aussi, ne devrait-elle pas, tout de suite, et malgré ses réticences, se rendre chez maître Montussaint, lui parler de son trouble depuis la libération de Freddy ? Il le lui avait dit, lors du décès de son mari. Il avait pris Clémence à part, près de la chapelle, à l’ombre des cyprès, et ma mère l’avait aperçu, qui embrassait sa fille en la serrant très fort contre lui. Elle en avait ressenti un très vif désagrément, à quoi s’était ajouté un certain malaise. Après la cérémonie, maître Montussaint s’était arrêté devant ma mère pour la saluer. Il l’avait fait en sa qualité de président de la société de chasse : Les membres de la société ne regrettent tous, votre mari, madame Rebernak. Dès que vous aurez un moment, n’hésitez pas à venir me voir. Et ma mère, qui s’était mise, dès le décès, à chercher du travail, s’était d’abord demandé s’il ne l’avait pas invitée pour qu’elle fasse le ménage de l’étude après dix-huit heures. Mais elle aspirait à un emploi plus stable. »

Page  88 : « Ma mère s’est adressée à elle : Vous ne saviez pas si ma fille était là ou non, et vous ne m’avez rien dit tout à l’heure, à mon arrivée ? Vous n’êtes même pas allée vérifier alors que je n’ai cessé de parler d’elle ? Joséphine a répliqué que ma mère se trompait. Elle n’y pouvait rien, elle venait juste de l’apprendre. »

Mon avis

Je suis entrée dans l’univers d’Yves Ravey avec un roman dense et percutant. Jolie découverte ! Un roman très fluide dans sa lecture. Et une bonne façon de tordre le coup aux idées reçues. Peu de personnages mais nombre de décors et une Martha Rebernak qui ne fait que protéger ses enfants… et sa famille. A lire !

« Un notaire peu ordinaire », d’Yves Ravey, les Editions de Minuit, 12€.

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