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On poursuit notre petite sélection des livres à emporter avec soi en vacances… ou au bureau (si le chef, lui, est en vacances). Le deuxième roman de Vincent Almendros, « Un Eté », paru à la rentrée de janvier aux Editions de Minuit semble tout indiqué pour notre exercice. A cause… de son titre. Déjà. De son histoire ensuite.

ETE Voilà un livre ramassé, il ne compte que 96 pages, où, diront les grincheux, il ne se passe pas grand-chose.

L’histoire ? C’est celle de Pierre, le narrateur, qui pour quelques jours rejoint, accompagné de sa compagne Lone, son frère Jean sur un vieux voilier, dans la baie de Naples. A son bord également, Jeanne, la femme de Jean avec laquelle Pierre a eu une histoire, il y a sept ans.

Evidemment, on se dit qu’il y a là tous les ingrédients pour que la balade nautique tourne à la tempête des sentiments.

Là, au coeur du mois d’août, c’est un huis-clos ( à ciel ouvert !) qui se joue. Mais la mer va se transformer en eaux troubles. Jusqu’à la chute. Qui donne une lecture nouvelle de toute l’histoire. A vous de la découvrir !

 

Une chose est sûre, l’écriture de Vincent Almendros qui a reçu le prix Françoise-Sagan pour ce roman, est sèche, précise. Sans fioriture, mais pas sans poésie. D’aucuns ont vu à travers les lignes de ce trentenaire, une esthétique étiquetée années 60. Au fil des pages, un climat… vaguement hypnotique s’instaure.

 Dans cette vidéo, Vincent Almendros revient sur la genèse de son deuxième roman

Extraits

Page 30 : « Si j’en sentais concrètement l’utilité, j’avais du mal à m’habituer à ma casquette. Je ne cessais de l’enlever, de la regarder puis de la remettre. De l’enlever encore.

Elle était d’un bleu violacé fané par le soleil. Bien que l’année qui figurait sur le devant ne me semblât pas si éloignée dans le temps, j’étais incapable de me souvenir de ce que l’avais fait en 2011. L’idée qu’il en serait ainsi lorsque j’essaierais de me remémorer, dans deux ou trois ans, ce que j’étais en train de vivre, là, en ce moment, me déconcerta. Au point que je pouvais me demander si, au fond, j’étais vraiment en train de vivre quelque chose. En apparence, en tout cas, il ne se passait rien ».

Page 60 :« C’était l’odeur de sa peau que je retrouvais, une odeur tiède d’amande douce, de crème, de miel ou de fleur, je ne savais plus. Jeanne, dis-je. Jeanne. Je voulais lui dire d’arrêter, lui dire qu’il fallait quitter cette chambre, qui n’était même pas une chambre mais une cabine. J’avais du plaisir à dire son nom, je le répétais comme si elle était la seule à le porter. Elle ne répondait pas, ou bine par des râles hésitants et enthousiastes, à la fois rauques et fébriles. Tout en soufflant dans mon cou, elle déboutonna ma chemise et appuya de force sur mon épaule pour que je m’allonge une bonne fois pour toute. »

Page 76 : « Discrètement, j’avançai le long du passavant en m’accrochant aux haubans. Je gagnai l’avant du bateau où le capot de la cabine était relevé. En me penchant, je vis, en contrebas, Jean et Jeanne qui dormaient. Juste à côté de mon frère , ma casquette était posée, en évidence sur le drap.

Je n’imaginais pas ce qui se passerait au moment où il se réveillerait.

J’attendais cette casquette comme, sept ans plus tôt, j’avais attendu le retour de Jeanne. Mais elle n’était pas revenue. Ou plutôt si, elle était revenue, au bras de mon frère. « 

Mon avis

Méfiez-vous de ce court roman ! L’air de rien, il vous entraîne dans une histoire un peu tordue entre des gens qui s’aiment et d’autres qui s’aimaient. Là, sur la mer d’huile, une tempête se prépare pourtant. L’air de rien, donc, « Un été » nous mène en bateau. Le tout avec une écriture ciselée. Une économie de mots. Pour mieux toucher au coeur. Pari gagné.

« Un été », Vincent Almendros, Editions de Minuit, 11,50€.

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