Rentrée littéraire 2021
» Louise a fondé une petite agence de communication. Elle est jeune et démarre une brillante carrière, malgré les aléas du métier, liés en particulier à son fantasque et principal client, un célèbre designer, Stan. Elle doit aussi jongler avec les fantasmes déconcertants de son amant, Vincent. Mais elle a autre chose en tête : des carpes.
De splendides carpes japonaises, des Koï. Celles que son père, récemment décédé, avait réunies au cours de sa vie, en une improbable collection dispersée dans plusieurs plans d’eau de Paris. Avec son frère, elle doit ainsi assumer un étrange et précieux héritage. »
Voilà ce que dit la quatrième de couverture de ce premier roman » Grand Platinum », écrit par Anthony van den Bossche, ancien journaliste désormais commissaire indépendant qui accompagne des designers, artistes et architectes.
Ce roman ressemble à un puzzle. Là, au coeur de Paris, une géographie des parcs, des jardins et des bassins se dessine. Louise a lancé son frère et des amis de son père dans une quête : réunir ces carpes japonaises.
Un héritage iconoclaste, curieux et inédit. Une mission aussi dans laquelle tous vont mettre leur énergie et leur ingéniosité. Pour respecter une promesse. Pour honorer un homme qui, au Japon, a vécu une expérience extraordinaire.
Un roman étonnant, attachant, troublant aussi. Une jolie découverte.
Extraits
Page 38 :« […] Avant l’entrée de Louise au collège, leur père avait dû vendre la maison du Morvan. Ils avaient déménagé Orangette, Mario, Saito du lavoir communal vers les squares de la capitale. Les carpes étaient restées dans le domaine public, mais clandestinement cette fois ; d’abord au parc des Batignolles, à côté de leur appartement, puis un peu plus loin, à mesure que grandissait la collection, essaimée dans cette ville qui leur appartenait. Chaque année, un spécimen en provenance du Japon atterrissait à Paris. Ils passaient prendre livraison à la boutique d’Ernesto et allaient glisser en cachette la nouvelle venue dans une mare de la rive droite, choisie par leur père, qui classait ses poissons selon leurs motifs ou leur texture d’écailles. Il avait converti le parc Monceau, le square du Temple et les jardins du Trocadéro en annexes personnelles. »
Page 43 :« Elle mit des copeaux de gingembre à bouillir, pinça un citron dans l’infusion, percola le café dans une machine italienne rudimentaire et poussa la porte de la cour intérieure où ses plantes se mélangeaient à celles des voisins. Comme chaque matin, elle fraudait le réel, profitant du sommeil de la ville pour détourner à son compte une portion entière de la journée. Dans quelques heures, le temps deviendrait commun, sans valeur. »
Pages 135-136 :« […] Ils repartirent le lendemain, sans avoir eu le courage d’avouer leur innocent mensonge. Le carpe au dos fabuleux arriva à Paris, suivie chaque année d’un nouveau Koï tout aussi rara, choisi par Hirotzu parmi les élevages voisins, gage de remerciement des koishi pour le héros gaijin. Il avait alors fallu inventer les douves vantées à Hirotzu. Le père de Louise commença par les installer aux Batignolles, à quelques rues de leur appartement, puis au parc Monceau et dans les jardins du Trocadéro, derrière le palais de Chaillot. »
« Grand platinum », Anthony van den Bossche, Seuil, 16€.