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Je découvre encore les romans sortis lors de la rentrée littéraire d’août et septembre. Un régal de plonger dans toutes ces nouvelles histoires, déclinées dans différents villes et pays, à différentes époques… L’occasion aussi de retrouver quelques-uns de mes auteur(e)s chéri(e)s dans de nouvelles aventures.

Alors imaginez ma joie quand j’ai reçu les épreuves non-corrigées du Chien des étoiles, second roman de Dimitri Rouchon-Borie !

Agé de 46 ans, ce dernier était jusqu’à l’été dernier, journaliste au Télégramme, à Saint-Brieuc, où il était en charge des faits divers et de la justice. Il travaille désormais à Rennes.

En 2021, je l’ai interviewé, puis rencontré lors de la remise du prix Roblès, à Blois, qu’il venait de remporter (entre autres prix, pas moins de 13 au total !) pour Le Démon de la colline aux loupsDimitri Rouchon-Borie est également l’auteur de Ritournelle et de Fariboles, toujours au Tripode. 

 

L’histoire de ce nouveau roman ? Gio a vingt ans, peut-être un peu plus. Sa vie n’est plus la même depuis qu’un lâche lui a planté un tournevis dans le crâne. Désormais, Gio voit ce que peu de gens devinent. La beauté de la nuit. L’appel des chouettes. La grandeur de ses amis Papillon, muet mais qui s’est inventé un langage et la belle Dolores, 16 ans.

 

Voilà un étonnant road movie gitan, cruel, beau et doux à la fois. Une épopée singulière. Et divinement bien écrite. Dimitri Rouchon-Borie confirme ici son talent à raconter autrement les histoires. Avec beaucoup d’humanité. Que ce soit dans un train de marchandises, sous une tente ou dans une maison à l’écart d’un village.

Dimitri Rouchon-Borie explique avoir écrit ce texte en deux mois. Une histoire qui l’a laissé sans défense aucune, « bouleversé par une émotion aigüe, et que je parvenais pas à mettre à distance ». Il poursuit en disant que ce nouveau roman est un livre sur le lien et la séparation, sur l’atrocité de la perte et comment on récrée malgré tout un monde après ça.

C’est cruel et lumineux. Un régal.

Extraits

Page 35 : « […] – Voilà venu le temps qu’on parlemente et qu’on fixe la dette. Vous avez ici le crédit d’une vie. Et si vous étiez pas des cousins, peut-être, mais je dis bien peut-être, qu’on vous aurait déjà brûlé vifs dans les grottes qui servent de maisons à vos manières préhistoriques. Regardez bien mon fils qui est revenu vivant de la mort où vous l’avez jeté. Regardez. La pluie qui nous tombe sur la gueule, c’est sa tristesse à lui, c’est la malédiction que vous lui avez glissée dans le crâne. Regarde Michal comme elle est grasse la pluie. Et toi, Tino, sniffe, nom de Dieu, sniffe si ça sent pas les enfers. »

Page 147 : « […] Pour les autres Gio est devenu le Fou Hurlant, une légende des transcontinentaux. On dit que des trimards cherchent son train juste pour le rencontrer et dire qu’ils ont voyagé avec le fantôme des rails. Et comme les surveillants le laissent tranquille, et les douanes aussi, et la police, ceux qui ont le courage de venir s’approcher de son tombeau ferroviaire sont finalement un peu plus tranquilles qu’ailleurs. D’autres ont préféré sauter au milieu de nulle part pour échapper à l’atmosphère atroce qu’il distille. »

Page 193 : « Camarade a cette façon d’apaiser la tension du dessin. La fresque avait raconté la guerre du clan Belco, le train, elle avait montré ensuite la capitale et le quartier Est, les chevaux de Micek, la bagarre des deux géants et les putes de Grand-Mère. Papillon n’avait rien oublié de tout ça, et, à sa mort, il avait presque achevé son travail. Il lui restait juste à dessiner Dolores, Gio et lui-même tout en haut, au milieu. Au-dessus il avait fait des nuages et il avait dit à Gio que c’était le ciel du paradis qu’il devrait faire là. »

 Le chien des étoiles, Dimitri Rouchon-Borie, Le Tripode, 19 euros. 

 

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