Sur cette parcelle de côt Garnon (*), plantée il y a deux ans au sommet d’une douce butte, Florence Veilex a décidé de labourer les sols. Un test sur deux hectares d’une technique surtout utilisée en viticulture bio, ce que le Domaine de la Chapinière, à Châteauvieux (Loir-et-Cher), n’est pas.
« Tout ne me plaît pas dans le bio, notamment l’utilisation massive du cuivre, explique la vigneronne, mais je ne suis pas dogmatique ni sectaire. Terra Vitis, où je suis très engagée, la bio ou la biodynamie, les outils sont différents, les implications économiques aussi, mais l’important, c’est de faire évoluer l’agriculture traditionnelle. »
La liberté et l’entreprenariat sont les deux moteurs de Florence Veilex. « A 15 ans, je rêvais de reprendre une ferme, mais j’ai fait des études de maths et d’informatique, travaillé à Grenoble, puis à Paris. »La quarantaine sonnant, l’envie d’être son propre patron la taraude, mais de quoi ?
Le déclic se fait à la faveur d’une discussion avec un ami de la vallée du Cher, à propos d’un domaine dont l’exploitant venait de décéder. « Tout à coup, je me suis dit, et si je rachetais ? se souvient Florence, je ne l’ai pas fait pour celui-là, mais à cet instant, j’ai su que c’était vraiment ce que j’avais dans le ventre ! »
En 2003, le domaine est trouvé, 13 hectares en AOC touraine, et un chai appartenant à Yves Barras à Châteauvieux, qui prend sa retraite. Dans la foulée, la quadragénaire reprend le chemin de l’école, pour un BTS viticulture-œnologie à Amboise « où j’ai tout appris ». Elle double la taille du domaine, qui occupe trois salariés et demi aujourd’hui, et lance les travaux du caveau dès 2004.
Dans son projet, Florence Veilex sait que l’œnotourisme prendra une part importante, récemment étoffée d’une activité équestre et d’expositions artistiques.
Quant aux vins, sauvignon tout en finesse ou cuvée spéciale de côt Garnon élevée sur lies en fût, elle en revendique totalement la maternité : « Je ne fais que des vins que j’aime boire, sinon je ne saurais pas les vendre ! »
(*) Une sélection des meilleurs pieds, dite « massale », que l’on doit à Hugues Garnon, pépiniériste de Châteauvieux.