Si l’on écoute Olivier Lemasson et qu’on se fie au pluviomètre de ce printemps 2013, le grolleau devrait séduire plus d’un viticulteur, surtout en bio. Car ce cépage offre la particularité d’être très peu sensible aux maladies telles que le mildiou, favorisé par un temps humide. Contrairement aux cépages « nobles » que sont le pinot noir ou le gamay, qui lui ont pourtant largement grignoté le terrain en Loir-et-Cher.
« Historiquement, je pense que le grolleau, très présent en Anjou, a été planté dans le secteur il y a 50 à 60 ans, explique le viticulteur-négociant des Vins contés, installé à Fougères-sur-Bièvre, j’en ai encore une parcelle d’une dizaine d’ares, et j’en connais quelques autres dans la vallée du Cher. C’est un cépage rouge très productif, très résistant aux maladies. »
Mais le grolleau, qui produit essentiellement du rosé en Anjou, a du mal à mûrir en Touraine, plus septentrionale. Et quand les viticulteurs ont commencé à se tourner vers plus de qualité, ils l’ont d’autant plus laissé de côté. « Dommage, parce que si on maîtrise les rendements, notamment en taillant très court quand il est jeune, le grolleau est très intéressant. Il donne des vins légers mais très aromatiques, avec des notes épicées et un parfum de fraise écrasée. »
Autre avantage du grolleau : même très mûr, le vin qu’on en tire dépasse rarement les 12 °, et reste plus couramment autour de 11 °. « Et ça, c’est idéal pour faire du pétillant » commente Olivier qui a justement choisi cette voie pour le sien, avec sa cuvée « Pop Blop Wizz », un rosé pétillant très gourmand, fait pour l’apéritif. « En 2009, le millésime était tellement beau que j’ai fait du rouge. »
Pour toutes ses qualités, Olivier Lemasson replantera sans doute du grolleau dans les années à venir. Mais aussi parce que ce cépage, comme d’autres, contribue à l’identité historique des vins d’ici, « fruités, légers, aromatiques ». Et menacés.