Le vendredi 25 décembre 1914
Nous quittons les tranchées de Boureuilles à 4 h et nous revenons à Neuvilly. Je cantonne dans un grenier et nous couchons sur des gerbes de blé. Il n’y a plus de civils et les maisons sont encore garnies de meubles et les granges pleines de blé et d’avoine non battus.
Il n’y a qu’une partie du village atteinte par le bombardement et nous circulons dans les rues pendant le jour. Il est interdit de faire du feu le jour pour ne pas nous attirer de bombardement. On enterre dans le cimetière du village un officier qui est porté sur un brancard. Nettoyage des effets et des armes qui en ont grand besoin. Je passe la visite du major pour les pieds, il y a 113 malades de ma compagnie à la visite pour le même motif. Des aéros et des Taubes nous survolent. Canonnade française et allemande vers Boureuilles. Fête de Noël sinistre.
Article de journal découpé et inséré dans le carnet à la page du 25 décembre : Capitaine ARGUEEFF, de l’armée russe, détaché au 131ème d’infanterie : de nationalité russe, a pris le commandement d’une compagnie au commencement de novembre. Montre dans ses fonctions la plus grande activité et la plus grande énergie. A sur ses hommes une autorité complète. A été légèrement blessé le 17 avril 1915 et a conservé le commandement de sa compagnie.
Maurice Bedel, un futur Goncourt raconte sa Grande Guerre.
Hélas pour notre ami, Boureuilles n’est pas Bourgueil ! Bien que phonétiquement certains anciens prononçaient » Boureuil » pour Bourgueil, faisant abstraction du » g » , ne confondons pas les deux communes !