6 et 7 mai 1915 : je serai bien heureux de voir mon jardin en ce moment



Le jeudi 6 mai 1915
Il tombe des obus autour de nos abris et le soldat Lioret, de ma demi-section, est grièvement blessé. Orage, canonnade presque toute la journée. Nous ne faisons aucune corvée depuis trois jours. A 14 h nous changeons d’emplacement, et nous allons plus à gauche, dans celui de la 8ème compagnie. Je passe la nuit assis sur mon sac.


Le vendredi 7 mai 1915
Le 2ème bataillon quitte les tranchées de réserve du plateau de Bolante à 5 h et nous allons au camp Monhoven où nous étions il y a douze jours et où nous nous reposons toute la journée. Nous passons aux bains-douches.
CARTE POSTALE : Recto :

147 1914-15 …CLERMONT EN ARGONNE

P.G. L’Eglise prise de la Côte Saint-Anne

147 1914-15… CLERMONT EN ARGONNE

The Church taken from the Mount St-Anne P.G.

Gauthier, édit. – Saint-Dizier
7-5-15 Souvenir de l’Argonne H. Moisy
Verso :

Forêt de l’Argonne, le vendredi 7 mai 1915 – 16 heures
Ma chère Eugénie,

Après avoir passé cinq jours de repos au plateau de Bolante, tout près de la ligne de feu, nous passons en ce moment notre sixième et dernier jour au Baraquement Mohoven, à 8 km en arrière, c’est à dire à l’endroit où nous étions il y a douze jours. J’en ai profité ce matin pour prendre un bon bain‑douche bien chaud qui m’a fait beaucoup de bien. Nous sommes tous contents d’avoir une telle facilité de nous nettoyer.

Je ne savais pas que Bourreau était blessé et je me renseignerai dès que je verrai les sapeurs du 131ème pour savoir dans quelles conditions cela lui est arrivé.

Entre camarades, nous parlons souvent de ce que tu me signales dans ta dernière lettre : la guerre durant depuis neuf mois, il n’y aura plus de naissances ou presque plus pendant un temps équivalent à la durée de la guerre. Il ne sera pas de trop que nous revenions pour repeupler. Je serais bien heureux de voir mon jardin en ce moment, mais je crois que ce n’est pas facile, il y a toujours besoin de moi ici. J’attends toujours la lettre de Georges pour lui écrire personnellement. Santé très bonne. Auguste est toujours là et vient de recevoir un gros colis de Montreuil.

Bonjour et amitiés. Ton frère. ‑ H. Moisy

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Une réponse à 6 et 7 mai 1915 : je serai bien heureux de voir mon jardin en ce moment

  1. pponsard dit :

    Notre ami Henri Moisy s’inquiète avec raison et pertinence du déficit démographique lié à l’absence des hommes durant la guerre… Ce déficit, quant bien même les Poilus survivants ont-ils eu le désir et la volonté de  » rattraper le temps perdu » à leur retour du front, a quand même engendré des années  » de classes creuses » qui nous ont été tout à fait défavorables pendant l’entre deux guerres et en 1940…
    Encore que  » les enfants de permissionnaires » comme on disait à l’époque ( sans doute souvent conçus à l’époque en zones rurales, notamment dans l’ouest, dans la position dite  » du missionnaire », la seule recommandée par l’Eglise… ) ont été une réalité entre 1915 et 1919, certes insuffisante pour combler le déficit de naissances..Ne pas impliquer dans cette opération les braves pères missionnaires qui n’ont fait qu’enseigner cette position orthodoxe aux populations exotiques et les curés de campagne qui l’ont simplement recommandées aux autochtones hexagonaux…
    Les petites  » Joffrette » ou  » Fochette » et leurs contemporains garçons nés entre 1915 et 1919 encore vivants, témoignent de l’activité de ces vaillants permissionnaires pour repeupler la France…

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